L'agence de notation fitch ratings s'est inquiétée lundi de la persistance de la crise institutionnelle en Belgique, ce qui la conduit à abaisser de "stable" à "négative" la perspective de la note du pays.
La dette à long terme du royaume est actuellement notée "AA+", soit la deuxième note possible dans la classification de Fitch.
La décision de l'agence implique qu'un abaissement de la note du pays est susceptible d'intervenir à moyen terme.
"La perspective négative reflète les préoccupations de Fitch devant le rythme des réformes structurelles dans les années à venir et la capacité (du pays) à accélérer sa consolidation budgétaire tant que la crise institutionnelle n'aura pas été résolue", a expliqué Douglas Renwick, le responsable des notes souveraines chez Fitch, cité dans un communiqué.
Pour l'agence, sans un accord politique sur la réforme institutionnelle, il sera difficile d'arriver à des comptes publics à l'équilibre. Il faudrait en effet pour ce faire dégager des excédents au niveau des collectivités ou mener une réforme "significative" de la Sécurité sociale, ce qui lui semble peu probable au vu des contentieux entre les communautés linguistiques.
Fitch note toutefois qu'en dépit de l'absence d'un gouvernement la gestion budgétaire au quotidien a été "solide". L'administration intérimaire possède des pouvoirs en la matière non négligeables et Fitch estime que le pays devrait pouvoir tenir son objectif de réduction du déficit à 3,6% du produit intérieur brut cette année, contre 4,1% du PIB l'année précédente.
La Belgique est dirigée par un gouvernement expédiant les affaires courantes depuis les législatives du 13 juin 2010.
Les partis représentant les deux principales communautés du pays, néerlandophones de Flandre et francophones de Bruxelles et Wallonie, se sont montrés incapables depuis bientôt un an de s'accorder sur une réforme des institutions fédérales accordant plus d'autonomie aux Régions.
Mi-décembre, Standard and Poor's (S&P), très écoutée sur les marchés financiers, avait tiré un coup de semonce envers les partis politiques belges qui tentaient, depuis déjà six mois à l'époque, de former un gouvernement.
Elle avait abaissé la perspective de sa note à "négative" et expliqué que si la crise politique perdurait, elle pourrait dégrader cette note, "potentiellement dans les six mois", ce qui aurait d'importantes répercussions sur les coûts auxquels le pays se refinance sur les marchés financiers.
L'agence craignait en effet qu'en l'absence d'un gouvernement de plein exercice, la Belgique ne soit pas capable de prendre les mesures nécessaires pour réduire sa dette, qui avoisine 100% de son Produit intérieur brut (PIB).
Chargé d'une énième mission d'exploration par le roi des Belges Albert II, le chef du parti socialiste (PS) francophone, Elio Di Rupo, a appelé le 17 mai les huit autres partis engagés dans ces interminables tractations à "oser un compromis" tant sur le volet socio-économique que sur l'institutionnel.
M. Di Rupo a reconnu cependant que les positions étaient encore "très éloignées", notamment qu'il lui faudrait convaincre le principal parti du royaume, les indépendantistes de la Nouvelle alliance flamande (N-VA), vainqueur des élections côté néerlandophone et qui n'a jusqu'ici pas démontré sa capacité à faire des concessions.