
La croissance de l'économie française au premier trimestre, qui sera dévoilée vendredi par l'Insee, s'annonce comme un cru plutôt bon mais l'HORIZON s'assombrit pour les mois à venir après une accumulation de mauvaises nouvelles depuis mars.
Reprise de l'inflation, recul de la consommation et de la production industrielle laissent augurer un deuxième trimestre nettement moins reluisant, selon les économistes interrogés par l'AFP.
Alexander Law, du cabinet Xerfi, table sur une croissance de 0,5% à 0,75% pour le premier trimestre 2011, contre 0,4% au quatrième trimestre 2010. Mais il s'attend à un "ralentissement assez marqué au deuxième, à 0,3%", même s'il concède que ce chiffre est encore loin d'être gravé dans le marbre.
Sur l'ensemble de l'année 2011, Xerfi est "sur un scénario de 1,5%" de progression du produit intérieur brut (PIB), explique-t-il, nettement en retrait par rapport au gouvernement, qui a bâti son budget autour d'une hypothèse de croissance à 2%.
"Les mois de janvier et de février ont été très corrects mais au mois de mars, tout à commencé à partir à vau-l'eau", observe l'économiste.
Selon lui, le ralentissement de la production industrielle (-0,9% en mars) s'annonce "tendanciel au cours des prochains mois" tandis que la consommation des ménages (-0,7%) souffrira de la reprise de l'inflation (+0,3% en avril après +0,8% en mars).
Dans sa dernière note, publiée début avril, l'Institut national de la statistique (Insee) lui-même tablait sur un ralentissement de la croissance, à 0,4% au deuxième trimestre contre 0,6% au premier.
Lundi, la Banque de France envisageait de son côté une croissance de 0,5% au deuxième trimestre après 0,7% au premier en raison, a-t-elle précisé, du fléchissement de son propre indicateur du climat des affaires en avril.
Après l'annonce du brusque repli de la production industrielle en mars, Marc Touati, d'Assya Compagnie financière, estimait en début de semaine que le gouvernement pourrait encore "sauter au plafond au premier trimestre".
Il s'attend cependant à "un deuxième et surtout un troisième trimestres difficiles" quand "l'effet retard de la hausse du baril de pétrole et de l'euro" se fera sentir.
Selon M. Touati, la croissance ne dépassera pas 1,8% sur l'année, et 0,5% environ pour les trois premiers mois. "Plus ça sera bon au premier trimestre, plus la correction risque d'être importante aux deuxième et troisième", prédisait-il jeudi.
Karine Berger (Euler Hermes) est à peu près sur la même ligne, avec une estimation à 0,5% au premier trimestre et 1,4% sur l'ensemble de 2011, "année de reprise mais à vitesse lente".
Pour Camille de Williencourt (Natixis), les prévisions de croissance restaient "assez bonnes" au premier trimestre, à 0,6%, mais 1,5% seulement sur l'année.
Outre les chiffres du premier trimestre, l'Insee dévoilera vendredi une nouvelle estimation provisoire de la croissance sur l'année 2010 ainsi que des comptes "semi-définitifs" pour 2009 et "définitifs" pour 2008.