L'optimisme des premiers résultats d'entreprises étant passé, la Bourse de Paris s'est montrée plus critique cette semaine et a dû faire face à des statistiques américaines inquiétantes avant d'être finalement rassurée par les chiffres de l'emploi en avril.
Sur la semaine, le CAC 40 a reculé de 1,20% pour terminer vendredi à 4.058,01 points et a subi une correction qui était partiellement attendue, l'indice ayant enchaîné auparavant huit séances de hausse d'affilée.
Le rappel à l'ordre est venu des Etats-Unis où l'ISM non manufacturier, qui mesure l'activité dans les services, a fortement reculé, envoyant un signal préoccupant sur la situation de l'économie américaine.
A cette statistique, sont venues s'ajouter des demandes hebdomadaires d'allocation chômage en forte hausse et des publications d'entreprises en demi-teinte, comme celle de Société Générale dont le titre a été lourdement sanctionné jeudi.
Ces inquiétudes ont toutefois été contrebalancées par des créations d'emplois américaines finalement plus importantes que prévu en avril, qui ont permis au marché parisien de rebondir vendredi (+1,33%).
In fine, "les investisseurs se sont fait peur pour rien", estime Nicolas Just, gérant actions chez Natixis AM, rappellant que " l'ISM est un indicateur plutôt fiable d'habitude sauf que c'est l'ISM manufacturier qui a pour l'instant le plus d'impact pour les marchés".
"Cette semaine, les marchés voulaient voir les mauvaises nouvelles", confirme Franklin Pichard, directeur de Barclays Bourse.
Les indicateurs publiés --ISM en tête-- ont toutefois eu des répercussions importantes sur les marchés de matières premières, en premier lieu sur les prix du pétrole qui ont perdu près de 10 dollars en une seule séance.
Une situation qui a favorisé le rebond des actions dans les secteurs aérien et aéronautique, grands consommateurs d'or noir, et devrait entraîner une redistribution des cartes au sein des portefeuilles, selon M. Pichard.
Si ce climat pourrait encore peser la semaine prochaine, les investisseurs devraient se replonger dans les résultats d'entreprises, alors que de nouveaux poids lourds sont attendus dont Crédit Agricole, Vivendi et EDF.
La semaine s'annonçant plus calme sur le front des indicateurs, les analystes estiment que le CAC 40 devrait évoluer dans son canal habituel entre 4.000 et 4.100 points et aura besoin d'un catalyseur important pour rejoindre ses sommets annuels.
"Pour aller plus loin, il faudrait que les analystes soient plus confiants sur le second semestre et se livrent à une révision forte des résultats de sociétés 2011-2012. Une plus grande visibilité sur la politique des banques centrales et l'évolution des matières premières aideraient", note M. Just.
La réunion de la Banque centrale européenne (BCE) a en effet douché les attentes de certains analystes qui tablaient sur un nouveau relèvement du taux directeur dès le mois de juin, ce qui a précipité le repli de l'euro.
Autre facteur à prendre en compte: le mois de mai est celui du versement des dividendes, d'où l'adage boursier qui invite les opérateurs à vendre et à se tenir éloigné du marché ("sell in may and go away").
"Six entreprises du CAC 40 ont versé leur dividende cette semaine, ce qui pèse mécaniquement sur les cours et pourrait brider à court terme l'évolution du CAC 40. Quatre autres doivent le faire la semaine prochaine", souligne Géraud Missonnier, analyste marchés chez Saxo Banque.