Nomura a entamé le suivi de Safran avec une recommandation d'Achat et un objectif de cours de 31 euros dans le cadre d'une étude sectorielle. Le bureau d'études estime que le moment est propice pour acheter les titres des équipementiers aéronautiques, comme Goodrich, Meggitt, Rolls-Royce et Safran. Il considère que nous nous trouvons à un point d'inflexion du cycle du service après vente pour l'industrie aéronautique. Il explique que les compagnies aériennes sous investissent dans ce domaine lors de la phase de baisse du cycle avant de se rattraper lors du rebond.
Le broker évalue à 4 milliards de dollars les dépenses différées par les compagnies aériennes au niveau de leurs stocks de pièces et de la maintenance de leur flotte. Il affirme que ce montant devrait alimenter le marché au cours des deux prochaines années.
Il rappelle que le dernier point d'inflexion dans ce domaine a eu lieu en 2004. Au cours des 4 années suivantes, le marché du service après vente a augmenté de plus de 11% par an tandis que les équipementiers aéronautiques ont affiché une forte surperformance. Nomura s'attend à ce que l'histoire se répète. Pour le cycle actuel, il anticipe une croissance annuelle moyenne d'au moins 11% du marché sur les trois prochaines années, ce qui devrait se traduire par une révision à la hausse des prévisions de résultat.
Le secteur devrait également bénéficier des meilleures perspectives de croissance des fabricants d'avions. En valeur, les livraisons de nouveaux appareils devraient progresser de près de 8% par an entre 2010 et 2020, contre seulement 1% entre 2001 et 2010.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les forces de la valeur
- Safran dispose d'une solide base dans l'aéronautique et la défense au potentiel de développement substantiel. Safran est ainsi le troisième acteur de l'industrie européenne de l'aéronautique/défense (derrière EADS et BAE).
- La sortie de l'activité de communication a permis à Safran de poursuivre son recentrage sur son coeur de métier : la propulsion, l'aéronautique, la défense et la sécurité.
- Le groupe vise à devenir un leader mondial dans les solutions d'identification basées sur la biométrie et dans la détection. Le marché de la sécurité est peu cyclique et dégage une croissance à deux chiffres. L'acquisition de l'américain L-1 Identity va renforcer ses positions.
- Le groupe continue de bénéficier d'un effet mix entre les moteurs de première et seconde génération (soit environ 52% de la base installée) puisque 70% de ces moteurs ne sont pas encore passés en atelier de maintenance.
- Le groupe génère des cash flows récurrents élevés et bénéficie d'une situation financière saine. Safran a donc les moyens de réaliser des acquisitions
Les faiblesses de la valeur
- La reprise des secteurs des hélicoptères et de l'aviation d'affaires reste incertaine.
- Les plans de rigueur dans de nombreux pays européens devraient viser en premier lieu les dépenses militaires avec une baisse des crédits recherche ou encore une réduction de certains programmes transnationaux.
- Le retard accumulé par le programme A400M est un handicap. Safran fait partie via Snecma du consortium européen chargé du développement du moteur de l'avion de transport militaire d'Airbus.
- Safran est également dépendant du programme B787 de Boeing, sur lequel la visibilité reste faible.
- L'étroitesse du flottant (39%) rend la valeur volatile.
- La fin de l'engagement collectif de conservation de titres chez Club Sagem (qui détient 8,6% du capital) et la forte probabilité d'une cession sur le marché de la participation de 7,4% d'Areva sont deux éléments qui pourraient peser à court et moyen terme sur le cours du motoriste.
Comment suivre la valeur
- Safran est sensible à l'évolution du secteur aéronautique civil et militaire.
- Les négociations tarifaires avec les constructeurs, notamment Airbus et Boeing, sont à suivre.
- Safran est une valeur très sensible au dollar puisqu'une variation de 10% de la parité aurait, toutes choses étant égales par ailleurs et hors couvertures, un impact de l'ordre de 315 millions d'euros au niveau de l'EBIT.
- Les matières premières représentent environ 10% du prix de revient des produits de Safran.
- L'un des principaux actionnaires de Safran est l'Etat avec 30,2% du capital.
- Le secteur aéronautique pourrait rapidement faire l'objet de grandes manoeuvres : l'Etat examine notamment le dossier de reprise de SNPE Matériaux Energétiques par Safran. Le groupe souhaite depuis plusieurs années mettre la main sur les actifs de propulsion solide de SNPE, notamment utilisée pour les fusées Ariane. Les discussions se poursuivent avec Thales en vue d'une correction de périmètre qui pourrait prendre la forme d'un échange d'actifs. De nombreux scenarii sont avancés.
- Safran a toutefois tourné la page sur le dossier Zodiac. Le projet de rapprochement entre les deux groupes est abandonné. Cela devrait permettre aux investisseurs de se concentrer à nouveau sur les fondamentaux de Safran.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Aéronautique - Défense
Les analystes s'attendent à un rebond des fusions acquisitions dans le secteur, qui était jusqu'ici resté en marge du mouvement. La dernière opération a été réalisée fin octobre 2008, lorsque Finmeccanica a acquis DRS Technologies pour 5,2 milliards de dollars. Safran vient de boucler le rachat de l'américain L1 pour 1 milliard de dollars. Il aimerait également racheter Zodiac, alors que celui-ci tient à son indépendance. Plusieurs indicateurs soulignent la consolidation potentielle du secteur. Pendant la crise, les différents intervenants ont généralement géré leur trésorerie de façon prudente, ce qui leur permet aujourd'hui de bénéficier de liquidités abondantes. En outre, restructurés, ils bénéficient de finances assainies.