La Commission européenne s'en est prise à son tour mercredi à l'agence financière Standard and Poor's, qui vient de dégrader à nouveau sa notation sur la Grèce mais dont elle "ne partage pas" l'évaluation, selon un de ses porte-parole.
Standard and Poor's, qui est l'une des grandes agences de notation internationales et à ce titre très écoutée par les marchés financiers, a annoncé mardi avoir dégradé de deux crans la note de la Grèce, à BB-, invoquant des craintes de restructuration de sa dette.
"Nous ne partageons pas cette évaluation", a indiqué un porte-parole de la Commission européenne, Amadeu Altafaj, lors d'un point de presse, évoquant notamment "le programme très ambitieux de privatisations" annoncé par Athènes pour réduire ses déficits et sa dette.
"Nous avons notre propre évaluation" de la situation grecque "et ce n'est pas la même que celle de l'agence de notation que vous citez", a encore répondu Amadeu Altafaj au journaliste qui l'avait interrogé.
Et il a insisté sur le fait que l'avis de la Commission était également "partagé par le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne".
Le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, avait déjà dénoncé mardi la décision de Standard and Poor's, selon lui "déséquilibrée et injuste".
Outre la note de la Grèce, Standard and Poor's a également baissé à deux reprises en moins d'une semaine, et de trois crans au total, la note du Portugal, un autre pays de la zone euro dans le collimateur des marchés.
Ils voient en effet en lui le prochain candidat à un sauvetage, après la Grèce et l'Irlande l'an dernier, surtout après la démission de son Premier ministre José Socrates qui n'a pas réussi à faire adopter par le Parlement un nouveau train de mesures d'austérité.
La note du Portugal n'est désormais plus que trois crans au-dessus de celle de la Grèce, et un cran seulement au dessus de la catégorie de la catégorie "spéculative", des émetteurs d'obligations à risque.
Une autre agence, Fitch, avait également baissé jeudi dernier de deux crans sa note souveraine pour le Portugal.
Le rôle des agences de notation financières a été vivement critiqué dans la zone euro depuis le début de la crise financière. D'abord accusées de ne pas avoir anticipé les difficultés des banques, on leur a ensuite reproché d'amplifier la crise de la dette en dégradant massivement leur notation des pays fragiles.
"Nous avons exprimé à maintes reprises nos doutes, voire nos critiques sur certains aspects du fonctionnement de ce marché des agences de notation", a encore rappelé mercredi Amadeu Altafaj.
"Des progrès ont été accomplis en termes de réglementation, mais il est clair (...) qu'il y a encore beaucoup de travail à faire pour réglementer de façon plus stricte, plus transparente ce secteur-là", a-t-il dit.
L'UE a déjà adopté depuis 2009 deux loi pour encadrer l'activité des agences de notation, et en prépare une troisième qui devrait être présentée d'ici à la fin de cet été.
Le commissaire européen aux affaires économique, Olli Rehn, et celui chargé des services financiers, Michel Barnier, avaient promis au début du mois, dans une déclaration commune, que ce nouveau paquet comprendrait des réformes "fondamentales".
Celles-ci devraient notamment s'attaquer aux problèmes liés à la notation de la dette des Etats.