(AOF / Funds) - "Si un parallèle entre le tremblement de terre de Kobé en 1995 et celui intervenu vendredi 11 mars peut être réalisé, nous pensons que la situation aujourd'hui est malheureusement différente sur de nombreux points, et qu'en particulier la persistance de risques sismiques, nucléaires et sanitaires à court terme, rend toute tentative de prévision extrêmement délicate", jugeaient les analystes d'UFG-LFP jeudi.
"Quelques éléments de référence toutefois : le poids économique de la zone sinistrée représentait 20% du PIB japonais pour Kobé contre 8% pour Tohoku. Plus forte industrialisation de la région de Kobé même si des constructeurs automobiles tels que Toyota, Nissan ou Honda ont fermé leurs portes à Tohoku. Un niveau du yen et des croissances bénéficiaires des sociétés japonaises plus faibles en 1995, une valorisation des entreprises, quant à elles, plus élevée. Un contexte énergétique plus incertain aujourd'hui avec, en corollaire, une plus grande dépendance et un risque nucléaire important."
"A moyen terme, si nous prenons pour hypothèse une stabilisation du risque nucléaire, les points clés pour le Japon nous semblent les suivants : sur le plan économique, l'année 2010 a été une très bonne année avec une croissance plus tonique qu'en zone euro et qu'aux US, assortie d'une baisse des pressions déflationnistes. Un tassement était attendu en 2011, et les évènements récents se traduiront très probablement à court terme par un choc de croissance sur un à deux trimestres, suivi d'un rebond lié à la reconstruction. Ce choc sera d'autant plus violent que la rupture en approvisionnement énergétique sera profonde et durable."
"L'économie japonaise est très tournée vers les exportations, et ce choc aura des conséquences sur ses partenaires commerciaux, en fonction de l'ampleur des liens économiques existants. A ce titre, l'Asie et plus particulièrement la Chine seront concernées. L'Europe et les Etats-Unis sont moins touchés. Dans une économie mondiale de plus en plus globalisée, il existe toutefois des secteurs majeurs qui sont et seront très impactés, soit parce que la demande japonaise y est clé (luxe...), soit parce ce que le Japon est un acteur central de la chaîne de production (automobile, techno...)."
"Mais la capacité du Japon à délocaliser ses unités de production est un facteur d'espoir. La politique de soutien mise en place très rapidement par la BoJ, est un point positif. Même si le recours à la politique budgétaire sera cantonné par le volume difficilement extensible de la dette japonaise, les autorités japonaises ont réagi assez rapidement avec l'injection de 183 milliards de dollars (3,4% du PIB) dans le système bancaire et le rachat de 62 milliards de dollars d'actifs par la Banque du Japon. Et en dépit de la contrainte sur la dette, un effort budgétaire important sera certainement requis pour la reconstruction."
"Plus largement, au-delà des impacts commerciaux, des répercussions importantes sont à attendre sur les grands marchés mondiaux : sur les prix de l'énergie, au-delà du repli de court terme, l'enjeu nucléaire change la donne sur l'offre globale de ressources énergétiques et met une pression supplémentaire sur le pétrole. Sur les politiques monétaires, puisque les grandes banques centrales en phase de resserrement seront certainement amenées à en modifier le rythme ou le timing. Sur les taux longs puisque le deuxième détenteur de dette publique américaine est le Japon, derrière la Chine. Sur l'ensemble des classes d'actifs risqués, puisqu'un mouvement important de rapatriement d'actifs et de réallocation de portefeuilles est d'ores et déjà amorcé."
"Dans ce contexte de forte incertitude, et sans que nous ayons à ce stade tous les éléments d'appréciation pour infléchir notre scénario central qui reste celui d'une croissance modérée en 2011 avec un rééquilibrage favorable aux zones développées, nous avons choisi d'adopter une position tactique plus prudente afin de protéger les performances acquises dans le respect de notre philosophie de gestion dissymétrique. Nous avons ainsi sur NOS portefeuilles les plus flexibles, dès le vendredi 11 mars : cédé nos positions japonaises, réduit significativement notre exposition actions globale, décidé de maintenir nos expositions obligataires protectrices, conservé notre exposition à la volatilité."
"A titre d'illustration concrète, nous vous faisons part ci-dessous des principales décisions de gestion relatives au fonds LFP Patrimoine Flexible, qui constitue le reflet des convictions de LFP en matière d'allocation d'actifs. LFP Patrimoine Flexible : priorité à la prudence, décision de céder les 5% de position Japon dès lundi suite au constat d'une dégradation ascendante du risque nucléaire. Baisse dès la semaine passée du delta actions du portefeuille par la vente d'actions européennes : en effet, l'ENVIRONNEMENT haussier taux risquait d'être pénalisant dans un premier temps pour le marché actions malgré des fondamentaux économiques favorables. Le delta qui était de 42% fin février avait été abaissé à 37% début mars et se retrouve aujourd'hui avec la vente des actions japonaises à 32%."
"Compte tenu de l'environnement international incertain, décision prise de diminuer fortement l'enveloppe de risque : la volatilité ex ante était de 10% en début d'année et est aujourd'hui de 7%. Prise de profits sur certaines classes d'actifs qui ont fortement progressé depuis le début d'année : Les obligations indexées sur l'inflation et les obligations high yield. Les matières premières considérant qu'un point haut avait été atteint. Couverture des postions libellées en dollars."