La Bourse de New York réduisait ses pertes, mais restait en nette baisse mardi à la mi-séance plombée comme les autres places financières de la planète par l'aggravation de la crise nucléaire au Japon: le Dow Jones perdait 1,72% et le Nasdaq 1,64%.
Vers 16H00 GMT, le Dow Jones Industrial Average lâchait 206,47 points à 11.786,69 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, 44,34 points à 2.656,63 points.
L'indice élargi Standard & Poor's 500 reculait de 1,70% (22,01 points) à 1.274,38 points.
Lundi, Wall Street avait fini en baisse, mais relativement limitée: le Dow Jones avait perdu 0,43%, le Nasdaq 0,54% et le S&P 500 0,60%.
Le gouvernement japonais a admis mardi que le niveau de radioactivité mesuré sur la centrale nucléaire de Fukushima était dangereux pour la santé. Cette annonce a provoqué un plongeon de plus de 10% à la Bourse de Tokyo, entraînant l'ensemble des places financières dans le rouge.
"Le fait que la Bourse japonaise ait chuté de 18% en deux jours ébranle la confiance des investisseurs, qui réduisent leur exposition au risque", a commenté Michael James, de Wedbush Morgan Securities
Pour l'analyste, "il ne fait pas de doute que (le séisme et ses répercussions) vont affecter la croissance du Japon et ses importations: leurs capacités de production vont souffrir. La question, c'est combien de temps".
Les indices de Wall Street, en baisse de plus de 2% dans les premiers échanges, ont cependant réduit leurs pertes en matinée.
"Les investisseurs sont divisés en deux camps: ceux qui pensent que les difficultés macroéconomiques vont continuer à peser sur les marchés américains, et ceux qui jugent que l'économie américaine continue de bien se porter", a relevé M. James.
Les 30 valeurs du Dow Jones évoluaient en baisse, la plus forte dégringolade revenant au conglomérat General Electric (-3,07% à 19,31 dollars), qui a fourni des réacteurs à cette centrale.
Les analystes de Citigroup ont cependant estimé que le groupe ne s'exposait qu'à des pénalités "minimales", la responsabilité revenant généralement à l'opérateur de la centrale.
Les groupes énergétiques exploitant des centrales nucléaires aux Etats-Unis étaient encore sous pression, notamment Exelon (-4,98% à 40,75 dollars), Constellation (-3,76% à 30,95 dollars). Southern perdait 1,39%, même si les analystes de Citigroup ont jugé que la crise au Japon ne devrait pas affecter son projet de centrale en Georgie (sud des Etats-Unis).
Les assureurs souffraient aussi, surtout Aflac (-8,26%), très présent au Japon, mais aussi MetLife (-3,89%) et Hartford (-5,29%).
"Depuis six semaines, les marchés américains se sont montrés très résistants face aux problèmes géopolitiques au Proche-Orient, à l'envolée des cours du pétrole et au séisme au Japon", a constaté Frederic Dickson, de DA Davidson.
"Mais, alors que la situation s'aggrave au Japon, il semble que la Bourse américaine ne va pas s'en sortir indemne", a-t-il poursuivi.
Face à une ouverture qui s'annonçait difficile, le New York Stock Exchange a décidé d'appliquer la "règle 48" de son règlement, qui dispense les teneurs de marché de certaines obligations pour que les cours des actions soient plus rapidement fixés dans les premiers échanges.
L'actualité macroéconomique aux Etats-Unis, pourtant chargée, était reléguée au second plan.
La banque centrale américaine (Fed) devait livrer sa décision de politique monétaire à 18H15 GMT. Elle devrait laisser son taux directeur proche de zéro, mais le ton employé par ses responsables sera scruté de près alors que les difficultés s'accumulent pour l'économie mondiale.
Sur le front des valeurs, l'opérateur boursier NYSE Euronext cédait 1,64% à 35,95 dollars. Selon la chaîne CNBC et le Wall Street Journal, il pourrait être la cible d'une offre hostile du Nasdaq (-1,97% à 25,83 dollars), allié à l'Intercontinental Exchange (-0,87% à 123,71 dollars).
Parmi les rares actions en hausse, le loueur de vidéos par correspondance et sur internet Netflix bondissait de 7,11% à 215,51 dollars. Les analystes de Goldman Sachs ont relevé leur objectif de cours sur le titre.
Le marché obligataire était dopé par les inquiétudes des investisseurs. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans chutait à 3,288% contre 3,347% lundi soir, et celui du bon à 30 ans à 4,465% contre 4,521% la veille.