La panique qui a touché la Bourse de Tokyo mardi, alors que la crise nucléaire au Japon ne cesse de s'aggraver, a gagné les places européennes puis Wall Street, qui a cependant limité la casse.
Au terme d'une des pires journées de son histoire, l'indice nikkei de la Bourse de Tokyo s'est effondré de 10,55%, à la clôture, la troisième plus importante chute depuis sa création il y a plus d'un demi-siècle.
L'impact ne s'est pas fait attendre en Europe: toutes les Bourses européennes ont ouvert, puis clôturé en sévère baisse.
Les valeurs du secteur nucléaire ont plongé (comme Areva -8,56%), celles des énergies alternatives ont grimpé. Les bancaires ont reculé très fortement alors que le Japon représente la troisième économie mondiale.
La Bourse de Francfort a fini en chute de 3,19%, celle de Paris de 2,51%, celle de Londres de 1,38%. Même mouvement à Bruxelles (-3,05%), Zurich (-2,76%), Amsterdam (-2,31%), Milan (-2,01%) et Madrid (-0,83%).
"Le danger croissant d'une catastrophe nucléaire affole les investisseurs", a résumé Franklin Pichard, directeur de Barclays Bourse à Paris. "Ce qui était lundi des ventes de précaution s'est transformé en ventes de panique", selon Bertrand Lamielle, directeur des gestions chez B*Capital (BNP Paribas).
A New York, le Dow Jones et le Nasdaq, en chute de plus de 2% à l'ouverture, ont fini sur des reculs respectifs de 1,15% et 1,25%.
"Le fait que la Bourse japonaise ait chuté de 18% en deux jours ébranle la confiance des investisseurs, qui réduisent leur exposition au risque", selon Michael James, de Wedbush Morgan Securities
A Tokyo, aucun secteur n'a échappé à la déroute, de l'électronique, comme pour Panasonic (-11,27%) ou Sony (-8,86%), à l'automobile, comme pour Toyota (-7,40%), Nissan (-3,32%) ou Honda. Même les firmes de BTP, qui avaient bondi lundi grâce aux perspectives de reconstruction du nord-est dévasté par un séisme et un tsunami, ont dévissé à leur tour, comme l'immobilier.
L'action de la compagnie d'électricité japonaise Tokyo Electric Power (TEPCO), qui exploite les centrales Fukushima 1, a dévissé de 42,4% lors des deux séances de lundi et mardi.
"C'est un vent de panique, et pas seulement chez les investisseurs étrangers. Tout le monde veut se débarrasser de ses actions", a expliqué Yosuke Shimizu, gestionnaire de titres chez Retela Crea Securities.
Les autres places asiatiques se sont aussi nettement repliées: la Bourse de Hong Kong a terminé en baisse de 2,86%, Shanghai de 1,41%, Sydney de 2,11%, Séoul de 2,40% et Singapour de 2,49%.
Les matières premières aussi ont chuté. Le baril de pétrole a abandonné plus de 4 dollars à New York, plus de 5 dollars à Londres. A Chicago, le blé a perdu plus de 7% de sa valeur, le maïs 5%.
La pression n'est pas appelée à retomber, puisque la crise nucléaire allait s'aggravant au Japon, après une nouvelle explosion et un incendie à la centrale de Fukushima 1, où les accidents se succèdent depuis le violent séisme de vendredi qui a probablement fait plus de 10.000 morts. Et un fort séisme s'est produit mardi au sud-ouest de Tokyo.
Pour tenter d'apaiser le marché, la Banque du Japon a continué d'injecter massivement des fonds dans le circuit interbancaire, portant à 23.000 milliards de yens (202 milliards d'euros) la somme totale mise sur le marché en deux jours, un montant inédit.