(AOF / Funds) - "Malgré une semaine relativement chargé en statistiques (chômage aux Etats-Unis, ISM manufacturier), des adjudications intéressantes (l'Espagne va émettre jeudi des BoNOS 2013 et 2016), le principal rendez vous sera sans doute la BCE jeudi. La dernière conférence de presse avait mis un peu le feu au marché", notaient les analystes de Natixis lundi.
"L'insistance de JC Trichet à mettre en avant la dernière hausse de juillet 2008 qui avait été décidée +malgré un contexte difficile+ et l'idée de nouveau martelée que les taux d'intérêt étaient distincts des opérations de politique monétaire non conventionnelles n'avait pas laissé d'inquiéter les marchés quand à l'évolution du repo actuellement à 1%."
"Les marchés avaient ainsi interprété ces propos comme ouvrant la porte à une hausse des taux tout en laissant les appels d'offre à taux fixe. Le pricing actuel intègre désormais de ce fait pas loin de quatre hausses des taux (de 25pb) dont deux dans les douze prochains mois. De même, les Euribor ont terminé la semaine sur un fixing au plus haut depuis dix-huit mois à 1,06% pour le 3 mois."
"On remarquera toutefois que ce niveau n'a rien d'alarmant avec un repo à 1% et surtout que ce niveau est avant tout dicté par la situation de la liquidité sur le marché interbancaire : la période de constitution de réserve actuelle est très courte avec seulement trois semaines et les banques sont toujours en retard de près de 5 milliards, écart qu'il faut combler dans les sept prochaines séances. On peut donc penser que les banques vont un peu plus bidder au MRO la semaine prochaine ce qui devrait normaliser les niveaux de taux courts."
"Pour autant, le marché tend à oublier le reste de la conférence de presse où JC Trichet affirmait que malgré l'inflation à 2,2% les taux étaient appropriés et que la BCE à moyen terme s'attendait à voir les prix évoluer conformément à sa définition de la stabilité des prix. La banque centrale s'attend en effet à ce que l'inflation dépasse les 2% à court terme mais qu'elle revienne vers les 2% d'ici la fin de l'année. Nos économistes ont calculé que si l'on prend un pétrole restant à 100 dollars toute l'année on aurait en effet une inflation montant à près de 2,6% avant de rebaisser à 1,99% en décembre."
"De toute façon l'inflation apparait plutôt exogène actuellement et ne dépend pas du tout des hausses salariales mais quasi exclusivement du prix des matières premières. Dans un tel contexte, la BCE aura beau monter ses taux, ce qui compte sera toujours la demande de matières premières et notamment de pétrole des pays en forte croissance... sur lesquels la politique monétaire de Francfort n'a que peu d'influence."
"C'est sans doute là tout l'intérêt pour la BCE de s'en remettre aux fameux effets de second tour. Pour la banque centrale (interview de JC Trichet dans le Wall Street Journal le weekend dernier), +ce qui compte quand l'inflation vient des matières premières c'est d'éviter les effets de second tour que nous ne laisserons pas se matérialiser+."
"De ce point de vue là, s'il y avait quelques raisons de monter les taux en juillet 2008 (même si l'histoire avec Lehman deux mois plus tard en a jugé un peu autrement), ce n'est nullement le cas aujourd'hui. Le seul pays où les coûts pourraient augmenter est l'Allemagne mais comme le répète JC Trichet, la politique monétaire est décidée pour 17 pays et ses fameux 331 millions de fellow citizens, qui pour la plupart doivent faire face à des salaires contraints. Le second tour n'est pas pour tout de suite en zone euro donc et les hausses des taux actuellement pricées par le marché sont donc sans doute un peu hâtives."