(AOF / Funds) - "Au cours de la semaine écoulée, l'euro a enregistré la plus forte progression contre dollar parmi les devises du G10. L'euro a été soutenu à la fois par les discussions autour d'une éventuelle augmentation de la taille du fonds européen EFSF dans les prochaines semaines et sa probable mise à contribution pour acheter de la dette des périphériques sur le marché secondaire, voire pour recapitaliser des banques (J. Stark)", notait Nordine Naam, de Natixis.
"En outre, l'Allemagne a clairement dit qu'elle ferait tout en son pouvoir pour sauver la zone euro. A court terme, elle continuera toutefois à monnayer son accord contre d'autres mesures d'austérité de la part des pays périphériques. Ces éventuelles mesures européennes ont permis aux valeurs bancaires de rebondir et de soutenir indirectement l'euro même si les risques liés aux pays périphériques n'auront pas complètement disparu. En particulier, le Portugal pourrait avoir des difficultés pour respecter cette année son objectif de réduction des déficits (-4,6%) compte tenu de ses prévisions de croissance trop optimistes. "
"La BCE a durci quelque peu le ton en se focalisant de plus en plus sur les risques inflationnistes. JC Trichet a souligné en particulier les risques liés à la forte hausse du cours des matières premières. Dans le Wall Street Journal, il a en effet dit que toutes les banques centrales dans des périodes comme celle-ci, où on a des menaces inflationnistes qui viennent des matières premières, doivent (...) faire très attention à ce qu'il n'y ait pas d'effets de second tour. Ces craintes d'effets de second tour ont entretenu la remontée des taux 2 ans swap euro en hausse de près de 45pb jusqu'à 1,95% en l'espace deux semaines."
"De fait, JC Trichet joue son rôle de gardien du temple de l'inflation face à la hausse des prix énergétiques, mais les risques inflationnistes restent très faibles face à une croissance européenne qui restera durablement inférieure à son potentiel en réaction au durcissement des politiques budgétaires et à la persistance d'un chômage élevé. Enfin, la transmission de la politique monétaire à l'économie reste faible puisque les crédits à l'économie ne redémarrent quasiment pas puisqu'ils progressent de moins de 2,0% en glissement annuel."
"Selon nous, les prix à la consommation devraient donc repasser en dessous de 2,0% au second semestre, à moins d'une forte poussée du cours des matières premières. Par ailleurs, les anticipations d'inflation restent bien ancrées. Les points morts des swaps inflation 10 ans s'affichent en effet à 2,12% contre une moyenne de 2,21% depuis l'année 2000. Quoi qu'il en soit, les eonia forwards reflètent maintenant des anticipations de hausse des taux de la BCE à HORIZON de fin d'année. Face à une Fed toujours très prudente dans la conduite de sa politique monétaire, l'euro a donc été vivement soutenu par la nouvelle rhétorique de la BCE."
"Ce changement de rhétorique de la BCE s'est traduit par un débouclage des positions vendeuses d'euro des comptes spéculatifs. Elles étaient de près de l'ordre de 45.000 la semaine précédente et elles ont été complètement débouclées pour revenir légèrement en positions acheteuses. Cela explique le rebond violent de l'euro. On observe par ailleurs peu de variations des positions des comptes spéculatifs sur les autres devises."
"L'euro a encore un potentiel haussier vers 1,3760 contre dollar. Au-delà, il faudrait que la situation européenne continue de s'améliorer significativement et en particulier que la BCE continue à tenir un discours augurant d'une hausse des taux directeurs en fin d'année. Cela pousserait alors les comptes spéculatifs à se positionner à l'achat sur l'euro mais pour jouer quel niveau... 1,40 ? Cela nous paraît peu probable. S'il est possible qu'il y ait des annonces positives sur le fonds EFSF, ces dernières sont déjà dans les cours."
"De plus, nous n'anticipons pas de hausse des taux BCE cette année sachant que les banques des pays périphériques restent dépendantes de la liquidité de la BCE et qu'une hausse des taux fragiliserait les banques exposées à l'immobilier (en particulier l'Espagne). Aussi, le spread de taux 2 ans euro/US devrait se réduire après s'être fortement élargi récemment. Cela pèsera sur l'EURUSD même si la Fed annonce cette semaine le maintien de sa politique ultra accommodante. Aussi, nous restons baissiers sur l'euro vers un niveau de 1,32 dans les prochaines semaines avant une poursuite de cette tendance par la suite."