
La consommation des ménages français a encore bien résisté en 2010, la prime à la casse ayant dopé les achats automobiles, mais avec la fin de ce coup de pouce et un marché de l'emploi toujours morose, les économistes s'attendent à un ralentissement des dépenses cette année.
La consommation en produits manufacturés, qui représente environ un quart de la consommation des ménages en France mais constitue un bon indicateur de la tendance générale, a augmenté de 1% en moyenne en 2010, a annoncé l'Insee mardi.
C'est légèrement mieux que la progression de 0,8% enregistrée en 2009, pendant la récession.
La consommation a accéléré au dernier trimestre 2010, avec une hausse de 1,9% par rapport au trimestre précédent.
"Cette amélioration reflète l?efficacité de la prime à la casse du gouvernement", s'est-on félicité dans l'entourage de la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.
Avant qu'elle ne disparaisse au 1er janvier, les ménages ont en effet voulu en profiter. Les dépenses automobiles ont ainsi bondi en décembre de 8,6%, après +14,1% en novembre, soit une hausse trimestrielle de 15,4%.
Ce secteur a entraîné en fin d'année tous les achats de biens durables, qui ont augmenté de 6,6% au dernier trimestre après seulement +1% au troisième.
En revanche, les dépenses en équipement du logement ont baissé légèrement en décembre (-0,5%). Sur un an, elles restent en hausse de 7,1%.
De même, les achats de produits en textile et cuir ont diminué de 1% en décembre, mais le secteur renoue avec la croissance sur un an (+1,8%) après deux années de recul.
Pour Nicolas Bouzou, économiste chez Asterès, la consommation globale, qui englobe les produits manufacturés, l'énergie, les services et l'alimentation, devrait avoir augmenté de 1,6% en 2010, "permettant au produit intérieur brut de croître de 1,5%", la prévision du gouvernement.

Mais pour 2011, les économistes sont moins optimistes.
"Après avoir excessivement dépensé grâce à la prime à la casse et anticipé leurs achats de voitures, les Français risquent de se montrer plus parcimonieux", prévient ainsi Marc Touati, d'Assya Cie Financière.
Dans sa dernière note de conjoncture de décembre, l'Insee disait s'attendre à un "fort ralentissement" de la consommation, aux premier et deuxième trimestres 2011 (+0,1% et +0,2% attendu respectivement).
Ce, en raison de "gains de pouvoir d'achat modérés", d'un taux d'épargne toujours élevé, et de craintes entourant la situation économique et le chômage.
"Le pouvoir d?achat est aujourd?hui clairement menacé: la remontée de l?inflation, l?atonie des salaires, du marché de l?emploi et l?austérité ambiante devraient peser sur la croissance de la consommation en 2011", renchérit Alexander Law, chez Xerfi.
Dans un contexte "toujours marqué par un fort taux de chômage, les salaires vont progresser à un rythme moins soutenu qu'au cours des années précédentes", souligne aussi Victoire Dumaine-Martin, chez Natixis.
Les créations d?emplois salariés marchands devraient toutefois se poursuivre, avec une hausse comprise entre 30.000 et 50.000 par trimestre, fait remarquer Nicolas Bouzou.
"La reprise graduelle de l?emploi, qui va se poursuivre en 2011" devrait soutenir la consommation, fait-on aussi valoir à Bercy.
Mais de nouveaux freins pourraient apparaître, liés à la suppression d'avantages fiscaux et sociaux, ou à la remontée de l'inflation avec la flambée des prix des matières premières.
"La hausse des prix alimentaires et énergétiques va affecter le moral des ménages et leur pouvoir d'achat, ce qui aura un impact sur la consommation", juge ainsi Dominique Barbet, économiste chez BNP Paribas.