
L'économie allemande va croître de 3,7% cette année et de 2,2% l'an prochain et le déficit public devrait tomber à 2,4% du PIB en 2011, ont pronostiqué mercredi un groupe d'économistes influents alors que la chancelière Angela Merkel partait pour un sommet du G20 à Séoul.
Les Cinq Sages, économistes qui conseillent le gouvernement en matière de politique économique et publient une fois par an un rapport très attendu, se montrent ainsi encore plus confiants que le gouvernement lui-même, qui a récemment revu en nette hausse ses prévisions de croissance (à 3,4% pour 2010 et 1,8% pour 2011), et que les principaux instituts de conjoncture (3,5% et 2%).
La première économie européenne s'est installée dans un cercle vertueux où la vigueur des industries exportatrices, qui ont profité très tôt de la reprise de la demande notamment en Asie, alimente la demande intérieur d'investissements, et stimule le marché du travail, ce qui profite à la consommation des ménages.
Le Produit intérieur brut (PIB) s'était écroulé de 4,7% l'an dernier, mais l'économie allemande a très vite repris du poil de la bête, laissant sur place la plupart de ses voisins.
"Nous sommes plutôt une locomotive de la croissance qu'un frein à la croissance" pour l'Europe et l'économie mondiale, s'est targué le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble lors d'un point de presse.

Les prévisions et analyses des Cinq Sages vont fournir des munitions supplémentaires à la chancelière Angela Merkel au sommet du G20 à Séoul jeudi et vendredi à Seoul placé sous le signe de divergences fortes sur les politiques de sortie de crise et de soutien de la croissance. Et alors que l'Allemagne, qui se donne volontiers en exemple, est critiquée par certains de ses partenaires pour ses importants excédents des comptes courants.
Mme Merkel l'a répété mercredi, "l'Allemagne ne soutiendra pas" la proposition américaine d'instauration d'un plafond d'excédent des comptes courants, qualifiée de "véritable absurdité" par l'économiste Beatrice Weder di Mauro, l'une des Cinq Sages.
Selon son confrère Peter Bofinger, également membre du groupe des Sages, l'Allemagne connaît "un revirement vers une dynamique économique soutenue par la demande intérieure", un constat à même de faire taire les critiques à l'égard de la faiblesse de la consommation allemande.
L'an prochain, l'essentiel de la croissance sera imputable à la demande intérieure des ménages et des entreprises, selon le rapport des Sages. Cette année le commerce extérieur assurera encore la moitié de la hausse du PIB.
Pour les Sages, l'embellie actuelle ne se transformera en croissance pérenne que si le gouvernement met en oeuvre "une politique économique qui créé les conditions" pour cela. Et de recommander une offensive dans le domaine de l'éducation, et du soutien à l'innovation des entreprises allemandes.
Recevant le rapport des mains des Sages, qui rappelle que le gouvernement a pour l'essentiel "récolté les fruits des réformes entreprises par ses prédécesseurs", Mme Merkel a reconnu: "nous savons que nous avons encore du travail".