Les entreprises américaines ont fortement embauché en octobre, mais cette poussée de l'emploi a été insuffisante pour faire baisser un taux de chômage très élevé.
Mettant fin à quatre mois consécutifs de baisse de l'emploi, la première économie mondiale a créé 151.000 postes par rapport à septembre, selon les chiffres officiels de l'emploi publiés vendredi à Washington.
Ce chiffre est largement supérieur à la prévision médiane des analystes, qui était de 60.000 embauches nettes en octobre. Bonne nouvelle supplémentaire: le salaire hebdomadaire moyen a enregistré en octobre sa hausse la plus forte en plus de deux ans, a précisé le rapport mensuel sur l'emploi du département du Travail.
Le secteur privé a créé 159.000 postes. C'est la plus forte hausse mensuelle de l'emploi dans le privé depuis avril.
Le secteur public a perdu 8.000 postes, ce qui est bien peu au regard des 150.000 emplois mensuels qu'il a supprimés en moyenne de mai à septembre, du fait, surtout, de la fin des contrats des agents du recensement décennal.
Les chiffres du ministère montrent que les entreprises privées ont créé plus de 100.000 emplois nets pendant quatre mois d'affilée, ce qui n'était plus arrivé depuis le début de l'année 2006.
L'économiste Joel Naroff, de Naroff Economics Advisors, a jugé "excellent" le rapport du ministère. Selon lui, il "montre que l'économie progresse lentement mais sûrement vers un rétablissement complet".
Plus prudent, le président américain Barack Obama a estimé que les chiffres de l'emploi étaient "encourageants". "Cela n'est pas satisfaisant", a-t-il ajouté: "le taux de chômage est encore à un niveau inacceptable".
Malgré la hausse des embauches, le taux de chômage officiel est en effet resté à 9,6% pour le troisième mois d'affilée.
Après les législatives de mardi, qui ont vu les républicains profiter du mécontentement provoqué par la situation économique et reprendre la majorité à la Chambre des représentants, M. Obama a déclaré être "ouvert à toute idée" pour accélérer la reprise économique.
Dans l'immédiat, face aux risques de blocage politique, c'est la banque centrale américaine (Fed), qui a pris cette tâche à bras le corps.
Craignant que le maintien d'un chômage élevé n'enraye le redressement de l'économie en pesant sur la consommation des ménages, moteur de la croissance du pays, la Fed a annoncé mercredi qu'elle allait injecter jusqu'à 600 milliards de dollars de liquidités supplémentaires dans le système pour hâter la reprise, en particulier celle de l'emploi.
Il reste en effet du chemin à parcourir avant que les Etats-Unis n'aient récupéré les quelque 8,5 millions de postes perdus en 2008 et 2009, puisque l'économie du pays n'a créé encore que 874.000 emplois depuis le début de l'année, selon les chiffres du ministère.
Pour Nigel Gault, économiste de IHS Global Insight, les chiffres de l'emploi d'octobre "laissent penser que l'économie est entrée dans le quatrième trimestre avec un élan renouvelé et que la croissance devrait être supérieure" à celle de 2,0% relevée au troisième trimestre.
Néanmoins, ajoute-t-il, le rapport du ministère, aussi bon soit-il, "ne change rien au tableau de la reprise, qui sera lente".
Wall Street a été indifférente aux chiffres de l'emploi. Ceux-ci ont profité en revanche au dollar, qui a repris un peu du terrain cédé à l'euro après l'annonce de la décision de la Fed de mercredi.