Selon une source de marché, Société Générale a abaissé son objectif de cours sur Alstom de 45 à 38 euros tout en conservant sa recommandation Conserver. Le groupe a annoncé la suppression de 4 000 postes dans sa division Power, qui fabrique des turbines électriques. Le programme d'austérité devrait coûter 350 millions d'euros de charges au groupe et générer environ 250 millions d'euros d'économies d'ici la fin 2012, soit 1,3% des ventes de 2009, note le broker.
Ces réductions de personnel devraient ainsi permettre d'encaisser partiellement la baisse attendue de 11% des ventes en 2011 et de réaliser l'objectif d'une marge opérationnelle de 7% à 8%, contre 9,1% en 2010.
Ceci étant posé, Société Générale a réduit de 15% ses prévisions de résultats 2010/2012. Le bureau d'études avait espéré qu'Alstom lancerait un programme de réductions des coûts plus ambitieux, à l'image de celui lancé 7 ans plus tôt. Selon l'analyste, ces réductions de coûts sont une réaction naturelle à l'effondrement des chutes des nouvelles commandes, mais ne sont pas proactives face aux problèmes structurels (concurrence des groupes asiatiques en Chine, pressions croissantes sur les prix).
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- La qualité du portefeuille de clients d'Alstom est excellente : les entreprises publiques et les opérateurs privés de grande taille représentent 80% des clients de la branche Power et 90% de celle du Secteur Transport. Ces proportions limitent la sensibilité d'Alstom à des difficultés de paiement et de financement des projets.
- Sur le long terme, le groupe évolue dans un secteur en croissance, dopé par les besoins en infrastructures des pays émergents et de modernisation dans les pays occidentaux. Bien que certaines dépenses aient été reportées à court terme, les besoins d'infrastructures restent importants dans le monde.
- En reprenant une partie des activités d'Areva T&D, Alstom se diversifie dans la transmission d'électricité (très haute et haute tension), complète ses deux autres activités (Power & Transport) et peut rivaliser avec Siemens et ABB.
- En dépit d'un contexte qui reste difficile, le carnet de commandes offre une certaine visibilité : un montant de 15 milliards est à réaliser en 2010-2011.
- Pour accompagner sa stratégie de croissance organique à long terme, le Groupe va maintenir un niveau élevé d'investissements et de dépenses en recherche et développement.
- La situation financière du groupe est très saine.
Les points faibles de la valeur
- Les effets des retournements économiques se manifestent avec du retard dans les comptes du groupe de transport et d'énergie.
- L'absence de rebond des marchés de l'équipementier inquiète les investisseurs ; la visibilité reste faible : même si les appels d'offre sont actuellement nombreux, ils se concrétisent lentement, voire pas du tout.
- Les marchés publics des transports et des infrastructures énergétiques subissent la conséquence de la nécessité du désendettement dans les pays occidentaux, qui représentent près de 55% des commandes d'Alstom.
- Le processus d'intégration d'une partie des activités d'Areva T&D va être long.
- Même si les perspectives de long terme de la transmission restent favorables, en raison de l'accroissement de la demande d'énergie dans le monde, ce marché est également caractérisé par une augmentation de la concurrence et une pression sur les prix.
Comment suivre la valeur
- Le cours de l'action pâtit régulièrement du caractère cyclique de l'activité d'équipements destinés à la production d'électricité.
- Le carnet de commandes et le rythme des entrées de commandes permettent de bien cerner les perspectives du groupe.
- L'attention devra également se porter sur le processus d'intégration d'Areva T&D.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Biens d'équipement
Alors qu'initialement ils prévoyaient une deuxième mauvaise année en 2010, les professionnels de la mécanique et de la machine-outil en France prévoient désormais une légère amélioration. La Fédération des industries mécaniques (FIM) estime que le redressement de la production dans l'Hexagone devrait se situer entre 3% et 5% cette année par rapport à 2009. En début d'année, elle s'attendait plutôt à une baisse de 5% par rapport à une année 2009 durant laquelle la production avait déjà chuté de 15%. Les statistiques de l'Insee confirment qu'un point bas a été atteint car, au second trimestre, les investissements des entreprises ont contribué positivement au PIB pour la première fois depuis le premier trimestre 2008. D'après le ministère de l'Industrie, les industriels français anticipent une hausse de 5% de leurs investissements en 2010 après une chute de 21% en 2009. Dans le BTP, le Seimat, le syndicat qui représente les importateurs de machines, anticipe un redressement de 10% de l'activité cette année, même si les perspectives sont encore floues.