D'ordinaire cruel pour la Bourse, le mois de septembre a vu cette année le CAC 40 rebondir de 7%, même s'il n'a pas réussi à s'installer au-dessus des 3.800 points, preuve que les nuages persistent pour le marché qui se prépare aux résultats du troisième trimestre.
Après un mois d'août exécrable miné par les craintes à l'égard de l'économie américaine, les marchés ont connu un rebond mensuel impressionnant. A Wall Street (+7%), ce bond, plus vu depuis 1939, tient de même l'événement.
Mais la dernière semaine du mois n'a pas apporté son lot de réponses et à Paris, le marché a terminé en repli de 2,38% à 3.692,09 points.
Comme depuis quelque temps, le marché parisien a subi de fortes variations tout en évoluant dans un canal étroit --entre 3.700 et 3.800 points-- un seuil psychologique plus vu en clôture depuis début mai.
Les analystes attendaient beaucoup cette semaine de l'ISM manufacturier aux Etats-Unis, dont la publication le mois précédent avait permis de redonner de l'élan aux marchés. Il s'agissait alors de sa première hausse depuis mai.
"Si l'ISM est très bon, cela pourrait créer une rupture plus nette et permettre au marché de franchir les 3.800 points pendant bien plus que quelques heures seulement", avait estimé Franklin Pichard, directeur de Barclays Bourse.
Publiée vendredi après-midi, la statistique est ressortie en très légère baisse par rapport aux attentes du marché, n'offrant ni bonnes, ni mauvaises surprises aux investisseurs en quête de visibilité.
Si un retour en récession des Etats-Unis semble écarté, la croissance molle reste l'HORIZON outre-Atlantique, rien qui puisse redynamiser un marché fébrile. En outre, "les statistiques à venir ont peu de chance de remettre en cause cette analyse", estiment les stratégistes de BNP Paribas.
"Les indications récentes du marché du travail laissent présager une hausse d?environ 75.000 créations d?emplois dans le secteur privé sur le mois. Ce niveau reste insuffisant pour faire baisser le taux de chômage" en septembre, poursuivent-ils. Les chiffres officiels de l'emploi aux Etats-Unis sont attendus vendredi prochain.
Outre les Etats-Unis, les inquiétudes liées aux déficits ont fait leur retour, avec l'Irlande qui a fait craindre une nouvelle crise grecque.
Mais en chiffrant avec précision l'impact du sauvetage de la banque Anglo Irish sur ses finances publiques, Dublin est parvenu à calmer les marchés, malgré l'ampleur astronomique de son déficit évalué à 32% du PIB en 2010.
Pour M. Pichard, les risques liés aux dettes constituent désormais "une toile de fond" mais ils ne sont pas tangibles pendant les trois années à venir avec la mise en place au printemps dernier du fonds européen.
En revanche, la hausse de l'euro constitue, selon lui, un facteur de ralentissement pour les économies de la zone euro, pénalisées dans leurs exportations. L'euro cotait vendredi à 1,37 dollar contre 1,27 mi-septembre.
Outre les indicateurs sur l'emploi américain, qui devraient jouer leur rôle de boussole, les investisseurs vont bientôt se tourner vers les résultats de sociétés. Le bal des résultats débutera, comme de coutume, avec l'aluminier Alcoa le 7 octobre.
"Les analystes ont fait preuve d'excès de prudence sur le deuxième trimestre, alors que 76% des entreprises ont battu le consensus. S'ils sont agréablement surpris par les publications du troisième trimestre, ils ne vont pas pouvoir encore les ignorer et seront obligés de réviser leurs perspectives 2011", estime l'analyste de Barclays Bourse.
Et de conclure: "l'ensemble du marché reste pessimiste-négatif mais il s'en faut d'un cheveu pour qu'il s'inverse".