(AOF / Funds) - "Le rendement des obligations souveraines allemandes a fortement baissé jeudi (d'environ 6pb, toutes maturités confondues), à la faveur notamment de la présentation du programme d'émissions de la Finanzagentur pour le quatrième trimestre", juge Natixis. Concernant les montants émis au T4, "les opérations seront donc presque toutes moins importantes qu'initialement prévu. La Finanzagentur a par ailleurs annulé l'émission de Bund 30 ans qui avait été programmée pour octobre. Elle se réserve enfin la possibilité d'émettre un linker pour un montant de 2 à 3 milliards d'euros".
Cette annonce a donc eu un effet dopant pour le Bund, qui profitait déjà d'une situation budgétaire de l'Allemagne très confortable, comparée à celles des autres pays de la zone euro : cette année, l'Allemagne devrait afficher un ratio déficit/PIB de 4,8%. Seule la Finlande fera significativement mieux (3%). Le Bund profite d'autre part, de son rôle de valeur refuge : depuis quelques jours, les marchés s'inquiètent particulièrement des situations budgétaires en Irlande et au Portugal, rapporte le gestionnaire.
Le Bund profite par ailleurs, comme ses homologues, "du caractère très accommodant de la politique monétaire et de la volonté affichée par le gouvernement allemand de profiter de la bonne conjoncture pour remettre de l'ordre dans les finances publiques (Wolfgang Schauble a répété aujourd'hui que l'Allemagne devait faire face à ses responsabilités en réduisant son déficit public)".
"L'association de tous ces facteurs aboutit à une situation tout à fait originale. En temps normal, quand les perspectives de croissance s'améliorent, les rendements des obligations longues augmentent, car les investisseurs revoient en hausse leurs anticipations d'inflation et de taux directeurs. Jusqu'à l'année dernière, cette loi a pratiquement toujours été respectée. Depuis le début de la crise budgétaire en zone euro, non seulement cette loi ne fonctionne plus, mais elle s'est en plus complètement inversée."
"La logique sous-jacente semble être la suivante : l'Allemagne, ex ante, jouit d'une situation budgétaire et conjoncturelle favorable. Elle peut du coup se permettre d'annoncer sa volonté de privilégier la rigueur budgétaire tout en continuant d'afficher de bons résultats conjoncturels. La logique est d'ailleurs poussée à l'extrême : plus la conjoncture semble bonne, plus les rentrées fiscales seront importantes, et plus la situation budgétaire s'améliore. Dans un contexte où l'inflation est totalement hors sujet et où, pour diverses raisons, les taux directeurs resteront durablement inchangés, cela ne peut être que très favorable au Bund."
"A contrario, les pays non core sont obligés de réduire de manière drastique leurs déficits. S'ils respectent leurs engagements, ils s'exposent éventuellement à des effets de second tour à cause du ralentissement induit de la conjoncture (moins de rentrées fiscales). S'ils les respectent mal (ce qu'on reproche par exemple au Portugal), ils font les frais d'attaques des marchés. Dans tous les cas, le Bund en profite..."