(AOF / Funds) - "L'impression désagréable que nous laisse une réponse si positive des marchés au discours de Ben Bernanke tient au fait que la chorégraphie semble sonner faux. Le rebond des marchés actions et le regain de vigueur des rendements obligataires vendredi ont été la conséquence des mesures prises par des investisseurs polarisés sur les gains qu'ils étaient susceptibles de retirer d'une telle décision de politique monétaire, sans prendre en compte la douleur qu'une telle décision requerrait probablement", juge JPMorgan Asset Management.
"On pourrait faire valoir que, paradoxalement, une forte appréciation des actifs risqués dans un contexte de statistiques économiques peu brillantes pourrait retarder l'assouplissement ou en réduire les chances. La hausse des rendements des emprunts d'Etat américains fait suite aux baisses intervenues plus tôt dans la semaine en réponse à des indicateurs économiques désastreux."
"La semaine passée a confirmé l'impression d'un net ralentissement aux Etats-Unis alors que la zone euro semble relativement dynamique. Les chiffres historiquement bas des ventes de logements (tant neufs qu'existants) outre-Atlantique et la baisse des commandes de biens durables ont ouvert la semaine de manière peu réjouissante, avant la publication de statistiques légèrement meilleures que prévu sur le chômage et le PIB (la croissance annualisée a été révisée en baisse à 1,6% au 2ème trimestre). Un indice Ifo supérieur aux attentes laisse entrevoir une poursuite de la vigueur de l'économie allemande au 3ème trimestre, tandis que la confiance des ménages dans la zone euro fait preuve de fermeté. En Asie, certains signes suggèrent un ralentissement de la croissance de la production industrielle et des exportations", rappelle le gestionnaire.
"Nous craignons toujours une déception lorsqu'un événement ou un discours est très impatiemment attendu. Mais le discours de Ben Bernanke au symposium de la Réserve fédérale de Kansas City à Jackson Hole n'a pas déçu. Les marchés attendaient des réponses à trois questions. La première portait sur les objectifs de la politique monétaire et la façon dont la Fed allait interpréter son double mandat (avec une inflation sous-jacente de 0,9% en année glissante et un taux de chômage à 9,5%, les investisseurs voulaient savoir si la Fed s'inquiétait d'une reprise moins vigoureuse que prévu)."
"Deuxièmement, ils souhaitaient mieux comprendre la politique de la Fed: si une nouvelle expansion de son bilan allait être utilisée afin d'améliorer les conditions du crédit ou si le problème était le manque de liquidité dans l'économie américaine (un problème micro ou macro-économique). Enfin, les marchés voulaient en savoir plus sur le moment où pourrait intervenir un changement de cap de la politique monétaire, afin de mesurer l'ampleur des divisions au sein du FOMC. Ben Bernanke a reconnu que la croissance était trop lente et le chômage trop élevé, et que la Fed était disposée à assouplir un peu plus les conditions en recourant à des mesures nonconventionnelles. Toutefois, il a aussi déclaré qu'une transition semblait en cours dans les principaux moteurs de croissance : production industrielle, accumulation des stocks, consommation et dépenses d'équipement plus soutenues. Il a aussi suggéré que la désinflation était plus susceptible de caractériser l'environnement que la déflation ou l'inflation."
"Qu'est-ce que le président de la Fed a réellement dit aux marchés ? Il a donné l'impression qu'il espérait que tout se passerait bien, tout en se préparant au pire. Mais ses commentaires ont manqué de clarté quant à savoir si, selon lui, le risque monétaire est d'ordre micro ou macro. S'il avait reconnu un manque de liquidité macroéconomique (la croissance monétaire dans sa définition large de 0,4% en année glissante est bien en-deçà des niveaux habituellement indispensables pour se traduire par des taux de croissance normaux), il aurait été plus facile d'évaluer ce qui était nécessaire en matière d'assouplissement quantitatif. Mais ce que les investisseurs ont semblé retirer de ce discours, c'est le sentiment que la Fed s'est engagée à assouplir sa politique monétaire lors de la réunion du FOMC du 21 septembre et que Ben Bernanke a préparé le terrain pour une telle décision."