La Bourse de Paris a vécu une semaine difficile, conclue sur une baisse de 2,3%, alors que la fragilité de l'économie américaine s'accentue et fait craindre une rechute, schéma qui effraie les investisseurs et les incite à vendre leurs titres.
L'indice parisien a perdu 84 points sur son niveau de la semaine précédente, pour terminer vendredi à 3.526,12 points.
C'est sa deuxième semaine de baisse d'affilée et, depuis le début de l'année, il a accumulé un recul de 10,4%.
Les derniers chiffres économiques publiés par les Etats-Unis (emploi, immobilier, industrie) ont apporté un nouveau lot de déceptions sur les places boursières qui, en cette période estivale de moindre activité, n'ont guère d'autres éléments à prendre en compte.
Même si certains estiment que les réactions à ces chiffres sont exagérées, il n'en reste pas moins qu'un sentiment négatif sur l'avenir du cycle économique mondial s'est emparé des investisseurs.
Et les plus pessimistes ont repris de la voix. Ils soulignent que la fragilité de l'économie américaine fait craindre, non seulement un simple ralentissement de la croissance, mais bien le spectre d'une reprise en "W" (une crise suivie par un mouvement de reprise retombant comme un soufflé).
Un tel scénario "est extrêmement rare dans l'histoire économique mondiale", minimise Didier Bouvignies, directeur de la gestion chez Rothschild et Cie Gestion, rappelant que le seul exemple récent remonte à 1979-1981 aux Etats-Unis.
"Les Bourses savent gérer l'incertitude mais le problème actuellement est que cette incertitude peut déboucher sur une situation économique grave", a-t-il ajouté. D'où la prudence des investisseurs et leur retrait du marché.
"Une incertitude inhabituelle", renchérissent les analystes de Dexia dans une note sur les perspectives des marchés.
Illustration de ces incertitudes, les marchés obligataires, considérés comme des placements refuge ne se sont jamais aussi bien portés, récupérant les investisseurs inquiets de l'évolution des Bourses. Par ricochet, les rendements à long terme sur les dettes allemandes et françaises évoluent à des niveaux historiquement bas entre 2,2% et 2,6%.
Face à ces craintes américaines, les quelques perspectives encourageantes en Europe ne font pas le poids. L'Allemagne et la Grande-Bretagne ont favorablement surpris les investisseurs en annonçant, pour Berlin, une nette révision en hausse de la croissance 2010, et, pour Londres, une amélioration des finances publiques et des ventes de détail en forte hausse.
Le marché n'a pas trouvé plus de soutien dans les résultats des entreprises des deux côtés de l'Atlantique et qui se sont pourtant révélés satisfaisants et dans la grande partie des cas, meilleurs que prévu.
"Les résultats des entreprises se sont des rétroviseurs" et la Bourse s'attache avant tout aux perspectives et pour l'instant celles-ci inquiètent les investisseurs, rappelle M. Bouvignies.
Hormis une séance haussière mardi après un indicateur américain qui a rassuré, le marché parisien a terminé chaque soir sur une baisse.
Plusieurs indicateurs sont prévus la semaine prochaine dont l'indice PMI d'août dans la zone euro, les reventes de logements et les ventes de logements neufs aux Etats-Unis sur le mois de juillet, les commandes de biens durables en juillet aux Etats-Unis et le baromètre Ifo du climat des affaires en Allemagne.