La production industrielle française est repartie à la hausse en mai, augmentant de 1,7% par rapport au mois précédent après une baisse de 0,5% en avril, mais cette hausse pourrait n'être qu'éphémère selon des économistes.
La production de l?industrie manufacturière (industrie de transformation des biens) a aussi poursuivi sa progression, augmentant de 0,5% en volume, après +0,3% en avril, a annoncé l'Insee vendredi.
Entre mars et mai, la production a augmenté de 2,4% dans l?industrie manufacturière et de 2,2% dans l?ensemble de l?industrie.
"La progression de la production manufacturière pour le 5e mois consécutif et le rebond de la production industrielle confirment que la croissance économique au 2e trimestre devrait être mieux orientée qu?au 1er trimestre", a-t-on réagi dans l'entourage de la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.
Après une faible croissance de 0,1% au premier trimestre, l'Insee table sur une progression du produit intérieur brut (PIB) de la France de 0,5% au deuxième. La Banque de France s'attend, elle, à une croissance de 0,4% sur le trimestre.
"Sur les 12 derniers mois, la production industrielle a rattrapé la moitié du chemin perdu auparavant à cause de la crise mondiale", fait-on aussi valoir à Bercy.
La production manufacturière est en nette reprise par rapport aux trois mêmes mois de l?année dernière (+8,2%), mais reste "nettement en deçà de son niveau d?avant la crise", souligne de son côté l'Institut de la statistique.
En mai, la production a augmenté pour la première fois depuis janvier 2010 dans l?automobile (+4,7%). "A première vue, la performance est remarquable", souligne Alexander Law, économiste chez Xerfi. Le constructeur PSA Peugeot Citroën a notamment enregistré des ventes mondiales semestrielles record.
"Il ne faut toutefois pas s?emballer", relativise M. Law. "Ce regain de mai intervient après une sévère baisse en avril (-7,2%)", rappelle-t-il. "Par ailleurs, en niveau, la production reste excessivement faible: en mai elle était inférieure de 33,5% à sa moyenne enregistrée en 2005".
La production a en outre diminué dans les autres matériels de transport (-2,7%), précise l'Insee.
Elle a augmenté dans la métallurgie et les produits métalliques (+2,1%), dans la fabrication de produits en caoutchouc, plastique et autres produits minéraux non métalliques (+2,2%) et dans la chimie (+0,6%).
Elle a diminué dans la pharmacie (-0,9%) et dans la filière bois, papier et imprimerie (-0,5%).
La production d?électricité, gaz, vapeur et air conditionné a, elle, fortement augmenté au mois de mai (+11,8%) en raison de forts écarts de température, selon l'Insee.
Malgré cette publication "évidemment positive puisque la production augmente", l'économiste Alexander Law s'attend à des mois "inconfortables".
Le processus de reconstitution des stocks par les industriels (restockage) est en effet en voie de se terminer "sans pour autant qu?il y ait eu d?effet spectaculaire sur la croissance", indique-t-il.
Par ailleurs, "les carnets de commandes se sont sensiblement dégarnis: la conjoncture reste des plus fragiles en France et en Europe, donc un déclin de l?activité au troisième trimestre n?est pas à exclure", avance l'économiste.
Pour Bercy, "la suppression de la taxe professionnelle en 2010 devrait permettre de consolider la sortie de crise en favorisant la compétitivité des entreprises".
"Nous continuons de penser que la production industrielle va pâtir de la fin des mesures de relance, des plans visant à résorber les déficits et du ralentissement du commerce mondial", estime de son côté Adèle Renaux, chez Natixis.