Lancé en présence du ministre de l’Ecologie Jean Louis Borloo et du conseiller de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, Trangreen concrétise le Plan solaire méditerranéen, lui-même intégré au projet d’Union pour la Méditerranée, lancé en 2008 par Nicolas Sarkozy. L’objectif de Transgreen est d'exporter vers l’Europe 5 gigawatts (GW) d'électricité renouvelable sur un total de 20 gigawatts produits sur la rive Sud de la Grande Bleue. Soit un investissement de 8 milliards d'euros dévolus à ce futur réseau qui s'ajoute aux 40 milliards d'euros du Plan solaire méditerranéen consacré à la production de cette énergie.
Une coopération ambitieuse
Plusieurs industriels se sont associés, dont Alstom, Areva, l’Agence française de développement, Abengoa, Atos Origin, CDC infrastructure, EDF, Nexans, Prysmian, RED, Eléctrica de España, RTE, Siemens, et Taqa Arabia et se sont donné comme objectif d’« étudier la faisabilité d’un réseau de transport de l’électricité entre les rives Nord et Sud de la Méditerranée ». C’est EDF qui dirigera les opérations. Les efforts se concentreront sur les aspects législatifs car la technique est au point. « Le transport sous-marin de l’électricité à très haute tension, c’est quelques chose que l’on maîtrise depuis longtemps », a rappelé André Merlin, président du conseil de surveillance d’ERDF et RTE, filiales d’EDF.
Jean Louis Borloo y voit déjà une étape historique, déclarant : « Cela me fait penser à la Ceca ». La Communauté économique du charbon et de l'acier était une organisation fondatrice de l’Union européenne. Selon le ministre, Transgreen devrait créer 150 000 emplois en Afrique du Nord et augmenter de 10 % la production d’électricité locale. Le projet prévoit en effet de s’ouvrir à des entreprises du Sud de la Méditerranée. Il sera également un moyen pour l’Europe de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et d’assurer son indépendance énergétique. Le ministre a ajouté que « ces autoroutes sont absolument indispensables », soulignant que ce réseau devrait permettre, grâce au tarif de rachat européen, d’aider à la rentabilité des projets d’énergie renouvelable au Sud.
Une mise en œuvre complexe
Si l’ingénierie est au point, d’autres paramètres risquent de ralentir la concrétisation de Transgreen. « Ce projet a des dimensions réglementaires, institutionnelles et politiques extrêmement complexes », a reconnu M. Borloo.. Pour surmonter ces obstacles, les industriels ont prévu de se montrer pédagogiques. « L’objectif de cette structure, qui disposera dans un premier temps d’un budget modeste de 2 à 3 millions d’euros, n’est pas d’investir dans les infrastructures mais de promouvoir ce type d’interconnexions », a expliqué M. Merlin.
Transgreen vise à proposer un schéma directeur pour la mise en place technique et économique d’un tel réseau et à favoriser les investissements et la rentabilité des projets sur la rive Sud. Si plusieurs entreprises non européennes sont censées prendre part au projet, une seule, à ce jour, a intégré le consortium, le groupe émirati Taqa. « C’est la Maroc qui semble le plus intéressé », a indiqué M. Merlin, citant également la Tunisie, l’Egypte, la Lybie et l’Algérie.
Transgreen est le complément indispensable à la mise en œuvre du projet Desertec, initié par l’Allemagne. Pour un coût de 400 milliards, il prévoit d’assurer 15 % des besoins européens en énergie d’ici 2050 en exploitant notamment le potentiel solaire des zones arides du Sud de la Méditerranée.