Deutsche Bank a relevé sa recommandation sur Ubisoft de Vendre à Acheter avec un objectif de cours de 7,70 euros, soit un potentiel de hausse de 25%. Le broker constate que le titre a sous-performé l'indice CAC mid 100 de 90% depuis 2009. Il pense qu'il est temps de regarder le dossier sous un nouvel angle après le salon de l'E3 au mois de juin. « Nous pensons que les investisseurs doivent se focaliser sur l'exercice 2011 et devraient mieux apprécier la vaste gamme de produits qu'Ubisoft s'apprête à mettre sur le marché », estime Deutsche Bank.
Selon lui, ces jeux devraient permettre au groupe de connaître une croissance dans chaque segment et de délivrer une marge d'Ebit de plus de 5%.
Le broker se dit notamment impressionné par Assassin's Creed 3, pour lequel Ubisoft dit enregistrer une hausse des pré-commandes supérieure à celle du précédent opus.
Il ajoute que les jeux « casual » devraient connaître une bonne tendance, alors qu'Ubisoft possède de bonnes marques, et est doté de la meilleure technologie sur le marché pour les jeux jouables avec Kinect (le système de détection de mouvement de la console XBox 360, qui devrait sortir en fin d'année). « Par exemple, le jeu Michael Jackson devrait être un moteur positif pour ce segment », juge Deutsche Bank.
Il salue par ailleurs l'offre en ligne d'Ubisoft, qui devient significative et pourrait générer des recettes de 58 millions d'euros en 2011 contre 18 millions en 2010.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Ubisoft est devenu l'un des plus importants créateurs de marques du secteur des jeux vidéo. Chaque lancement est un pari risqué, mais assure une récurrence du chiffre d'affaires et une marge plus importante que les licences.
- Ubisoft opère un virage stratégique vers un modèle plus rémunérateur et moins risqué : l'éditeur se recentre vers les jeux haut de gamme avec le lancement plus régulier de franchises majeures, tout en réduisant les investissements dans de nouvelles créations, le tout à effectif constant. Il se concentre également sur les consoles Sony et Microsoft.
- Le titre revêt un attrait spéculatif depuis l'entrée non sollicitée de l'éditeur américain de jeux vidéo Electronic Arts à hauteur de 15% au capital d'Ubisoft.
Les points faibles de la valeur
- Le consensus de marché est très dispersé sur 2010-2011, illustrant la difficulté à anticiper la configuration du prochain exercice pour Ubisoft. Seul le jeu Assassin's Creed semble actuellement en mesure de se démarquer face à la concurrence.
- Les effets de la stratégie de repositionnement d'Ubisoft sur ses principales marques ne seront, selon les analystes, pas visibles avant la mi-2011, au mieux.
- Le challenge du groupe est de réussir à tenir ses marques et idéalement de les rendre plus fortes. Un déclin des marques aurait un effet désastreux sur la profitabilité du groupe compte tenu de l'inflation des coûts de production.
- L'ENVIRONNEMENT de marché reste difficile, très concurrentiel sur le haut de gamme, avec des pressions prix sur le « casual ».
- La visibilité sur les jeux Wii reste incertaine. Ubisoft pâtit à la fois d'un problème de différenciation de ses jeux et de faiblesse du segment : seules les superproductions propres à Nintendo se démarquent actuellement.
- Ubisoft est encore très peu présent dans les MMO (jeux en ligne massivement multi joueurs).
Comment suivre la valeur
- Le succès de la société dépend avant tout de la solidité de son catalogue. La présentation des jeux en instance de sortie se fait notamment lors des salons professionnels comme l'E3 (Electronic Entertainment Expo) à Los Angeles.
- La fin d'année est cruciale pour tous les éditeurs de jeux vidéos, qui réalisent la majeure partie de leur chiffre d'affaires entre septembre et janvier (avec un pic pour les fêtes).
- La tendance du marché américain des jeux vidéos préfigure généralement de quelques mois celle du marché européen.
- Le mouvement de concentration du secteur est engagé et devrait s'accélérer.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Informatique - Jeux vidéo
Industrie cyclique, le secteur des jeux vidéo regroupe les constructeurs de consoles et les éditeurs et développeurs de jeux. Les marques sont stratégiques dans l'industrie. Pour le premier trimestre 2010, Nintendo a affiché une vraie contreperformance. Sur l'exercice fiscal 2009-2010 (clos le 31 mars), le chiffre d'affaires a reculé de 22%, à 1,43 milliard de yens (10,9 milliards d'euros), et le résultat net de 18,1%. C'est la première fois en six ans que les profits du leader mondial reculent. Ce mouvement devrait se poursuivre puisque Nintendo s'attend pour 2010 à une baisse de l'ordre de 13% de son résultat net, à un résultat opérationnel en baisse de 10% et à un nouveau tassement du chiffre d'affaires. Même si le japonais a souffert du renforcement du yen par rapport au dollar et à l'euro, il pâtit surtout d'une diminution des ventes de ses consoles. Les ventes de la DS n'ont pas atteint l'objectif de 30 millions d'exemplaires en atteignant 27,11 millions d'unités. Les ventes de la Wii devraient diminuer à 18 millions d'unités après avoir déjà baissé de 5% en 2009-2010. Pour se relancer, Nintendo prévoit de faire évoluer ses produits existants, en misant notamment sur la 3D.