Le moral des industriels français s'est légèrement replié en juin, perdant deux points pour s'établir à 95 points, tiré à la baisse notamment par un secteur automobile de nouveau en perte de vitesse, a annoncé mercredi l'Insee.
Cet indicateur synthétique du climat des affaires dans l'industrie manufacturière avait chuté tout au long de la récession pour atteindre un plus bas historique à 70 points en mars 2009, selon l'Institut national de la statistique.
Il s'est depuis redressé très progressivement mais reste toutefois en-dessous de sa moyenne de longue période (100 points).
"En d?autres termes, cela fait presque deux ans que cet indice est en-dessous de sa moyenne de long terme ce qui montre l?ampleur de la crise que nous vivons encore. Bien entendu, le pire paraît derrière nous, mais le tissu industriel a été durablement fragilisé par la récession", souligne l'économiste Alexander Law (Xerfi).
Dans l'enquête de juin, les entrepreneurs de l?industrie manufacturière estiment que leur activité passée est restée dynamique, toujours à un niveau supérieur à sa moyenne de longue période. Ainsi, les stocks de produits finis continuent de se reconstituer et atteignent un niveau jugé proche de la moyenne.
En revanche, les carnets de commandes sont toujours considérés comme peu fournis, y compris les carnets étrangers même si ceux-ci se regarnissent, souligne l'Insee.
"Alors que les carnets de commandes étrangers gagnent sept points en juin, les carnets de commandes globaux en perdent quatre ce même mois. Conclusion: la demande intérieure recule fortement, et ce en particulier dans les biens d?équipement et les biens de transports. Deux évolutions qui confirment que l?investissement n?a toujours pas retrouvé le chemin de la croissance", analyse Marc Touati (Global Equities).
"On attend beaucoup du repli tendanciel de l?euro, mais cela ne fera pas de miracles. Près des deux tiers de notre commerce extérieur sont réalisés avec NOS partenaires de l?Union européenne qui ne sont pas en meilleure santé que nous. De plus, les effets d?une dépréciation se font généralement sentir avec un décalage de un à deux trimestres", explique Alexander Law.
Les économistes ne sont donc pas surpris que "les perspectives personnelles de production" pour les prochains mois se détériorent sensiblement en juin. Paradoxalement, les "perspectives générales", qui représentent l?opinion des industriels sur l?activité de l?industrie dans son ensemble, restent meilleures qu?en moyenne sur longue période.
Le repli du moral des industriels en juin est essentiellement lié au secteur automobile, en particulier les commandes de véhicules pour le marché français, victime de l'arrêt de la "prime à la casse", relève Adèle Renaux, économiste à la banque Natixis.
"La demande n?est plus au rendez-vous et les stocks sont supérieurs à leur moyenne de long terme. Conséquence logique: la production va chuter au cours des prochains mois, mettant à mal toute une filière qui prendra beaucoup de temps à se relever", s'inquiète M. Law.