Vendredi 4 juin, sur le Vieux-Port de Marseille. Le Festival Science Frontières, qui réunit chaque année scientifiques, élus et entreprises pour informer le grand public des démarches visionnaires en matière de développement durable, organise une table ronde sur la RSE. Une première, en vingt-six ans d'existence. Les quelques places à l'ombre se font chères, mais l'auditoire écoute avec intérêt ces chefs d'entreprises expliquer que, finalement, « la RSE, c'est ni plus ni moins du bon sens. »
Sur la scène, Philppe Girard, créateur des Trophées RSE Paca, donne sa définition du concept. « La RSE, c'est le développement durable appliqué à l'entreprise. C'est agir au sein de l'entreprise dans le respect de l'homme et de l'environnement, promouvoir l'employabilité locale, l'insertion par le travail, ou encore, participer financièrement à des projets d'utilité publique via le mécénat. » À côté de lui, Philippe Savinel, PDG de la société Paul Ricard, acquiesce et rajoute : « nous pratiquons la RSE au quotidien. Le respect est la valeur centrale de NOS activités et de nos préoccupations. Respect de l'homme, bien entendu, et de l'environnement. »
Utiliser les bons mots, aborder les bons sujets
L'exercice n'est pas simple. Comment expliquer ce concept, qui peut paraître obscur au premier abord ? Pour les entreprises, et en particulier les grands groupes qui pâtissent parfois d'une image négative, la démarche est pourtant nécessaire, surtout sur fond de crise économique et environnementale. Guy Gauthier, directeur du développement urbain chez Philips, en est convaincu. Habitué des lieux, il explique pourquoi. « Philips participe au festival depuis vingt ans parce que c'est l’un des rares endroits où l'on peut s'exprimer en dehors d'un système médiatique parfois oppressant. C'est effectivement un travail de pédagogie, il faut trouver les bons mots pour expliquer aux consommateurs en quoi ils sont concernés par les activités de l'entreprise. »
Thomas Peaucelle, directeur de la stratégie chez Inéo, participe en revanche pour la première fois à l'événement. D'après lui, « cela fait justement partie de notre responsabilité sociétale. Nous devons faire connaître nos activités et partager nos préoccupations avec le grand public. Ce festival, tout comme la semaine nationale du développement durable, permet de mettre nos interlocuteurs en position d'écoute. C'est d'autant plus intéressant qu'il existe un intérêt croissant, et que le grand public a de plus en plus de répondant. » Sur la scène voisine, Laurent Blanchard, directeur général de Cisco France (informatique et TIC*), garantit à l'auditoire « qu'il n'y a pas de contradiction entre développement économique et protection de l'environnement. Au contraire, le Greenbusiness combine les deux. » Prenant pour exemple les bienfaits des TIC dans de nombreux secteurs, et notamment celui de la santé, il explique que « l'environnement a pris une place importante dans nos modes de gestion. On ne peut plus gérer une société suivant des critères uniquement économiques. En tant que chef d'entreprise, je ne peux pas me désintéresser de l'écologie et du social. Pour moi, c'est nouveau. Mais nous devons retrousser nos manches et y aller. »
Jean-Yves Casgha, rédacteur en chef de Terre TV et directeur du Festival Science Frontières, dresse un bilan positif. L'installation de la scène en plein air a séduit le public et les animations ont fait carton plein. Une fréquentation qui devrait lui permettre d’attirer de nouveaux partenaires privés l'année prochaine. Car l'implication des entreprises au sein de Science Frontières reste récente. « Hormis Philips, qui est un partenaire de longue date, les entreprises se montrent intéressées par le festival depuis 4 ou 5 ans. Et le nombre de celles qui toquent à la porte ne cesse de croître». D'après l'organisateur, elles tirent aussi un grand enseignement de ces rencontres avec le public. « Car la matière première d'une entreprise reste les individus qui travaillent en son sein. Il faut donc tenir compte de leurs attentes ; anticiper, analyser et partager les orientations prises par les dirigeants. Le festival leur fait office de laboratoire expérimental ! »
* Technologies de l'Information et de La Communication.
Anne Farthouat