
La consommation des ménages continue de souffrir de la chute des ventes automobiles et est repartie à la baisse en avril après une embellie fugace, faisant craindre l'essouflement de ce traditionnel moteur de la croissance française.
Le mois dernier, les dépenses de consommation des ménages français en produits manufacturés ont diminué de 1,2% par rapport au mois précédent après avoir progressé de 1,6% en mars, a annoncé l'Insee mercredi.
Selon l'entourage de la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, cette baisse de la consommation est "intégralement liée au repli des achats d'automobiles, consécutif à la fin de la prime à la casse qui avait permis de relancer le secteur tout au long de l'année 2009".
Les dépenses en biens durables ont en effet fortement diminué (-4,4%), un recul provoqué par la nouvelle chute des achats automobiles (-9,5%) en avril, après une baisse de 11,2% déjà sur l'ensemble du premier trimestre.
Depuis le début de l'année, les achats d'automobiles ont enregistré un recul de 23,6% et touché un plancher jamais atteint depuis janvier 2009, note l'économiste Marc Touati (Global Equities).
Les dépenses en équipement du logement sont également en baisse (-0,3% après +0,8% en mars).
"Hors automobiles, peu de signes de décrochage de la consommation sont aujourd'hui observables", assure-t-on à Bercy, où l'on souligne que les achats sur les "autres postes de consommation", qui représentent près de la moitié des dépenses des ménages en produits manufacturés, progressent pour le troisième mois consécutif (+0,8% après +0,3% en mars).
"La consommation est en train de lâcher", rétorque l'économiste Alexander Law. "Le chômage continue d'augmenter, l'inflation grignote le pouvoir d'achat et l'austérité annoncée va priver la consommation du peu de perfusions qui lui restait", résume-t-il.
"L'argent qui était affecté en fin d'année dernière à l'automobile ne sera pas forcément réalloué à d'autres postes de consommation" car "les Français vont plus que jamais faire la chasse aux dépenses superflues", prévient M. Law.
"La baisse de l'euro ne devrait pas arranger la situation dans la mesure où elle renchérit les produits manufacturés importés", note-t-il.
La consommation de produits manufacturés, qui représente environ un quart de la consommation totale des ménages en France mais constitue un bon indicateur de la tendance générale, avait diminué de 2,4% en janvier, puis de 1,6% en février.
Au total, elle a cédé 2,1% au premier trimestre 2010 par rapport au trimestre précédent.
Au deuxième trimestre, les dépenses de consommation risquent de rester faibles et peser sur la croissance du PIB, avertit aussi Mathilde Lemoine, économiste à la banque HSBC.
"La consommation privée pourrait rester atone à court terme" avant de reprendre en 2011, confirme l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui anticipe toutefois dans ses dernières prévisions une croissance de 1,7% cette année dans l'Hexagone.
Le gouvernement table, lui, officiellement sur une croissance de 1,4% sur l'ensemble de 2010, une prévision en ligne avec celles du Fonds monétaire international (1,5%) et de la Commission européenne (1,3%).
Au premier trimestre, le produit intérieur brut (PIB) de la France n'a progressé que de 0,1%, avec une consommation totale qui a stagné sur cette période.