La semaine a été une nouvelle fois marquée par la fébrilité à la Bourse de Paris, où les investisseurs déplorent le manque de cohésion au niveau européen et continuent de s'inquiéter des déficits publics dans la zone euro, sur fond de croissance molle.
Le CAC 40 a terminé vendredi à 3.430,74 points, en repli de 3,64% par rapport à sept jours auparavant. Depuis le début de l'année, il a reculé de presque 13%.
Le sursaut de la Bourse après l'annonce début mai du plan d'aide de 750 milliards d'euros aux pays européens en difficulté semble avoir fait long feu. Après le bond de près de 10% du CAC 40 le 10 mai, au lendemain de l'annonce de ce plan, l'indice parisien a terminé la plupart des séances dans le rouge.
François Duhen, analyste au CM-CIC, pointe "l'incrédulité" des marchés quant à la capacité des Etats de contenir et de réduire leur endettement "sans remettre en cause la reprise".
"Ce qui a changé ces derniers jours, ce n'est pas (les perspectives pour) 2010 ou la Grèce, mais une crainte accrue d'un retour à la récession en 2011", renchérit Frédéric Buzaré, responsable de la gestion actions chez Dexia AM.
"Le marché devient un peu schyzophrène. Il veut d'un côté une réduction des déficits mais redoute de l'autre que la croissance, déjà molle, ne soit cassée", ajoute-t-il.
D'autant que la cohésion européenne a été à nouveau mise à mal cette semaine par la décision surprise de l'Allemagne, mardi soir, d'interdire certaines ventes à découvert à nu sur les emprunts d'Etat de la zone euro et d'autres types de titres.
Les ventes à découvert dites "à nu" permettent de vendre à terme un actif sans l'avoir emprunté auparavant ou s'être assuré de sa disponibilité.
En prenant cette décision, l'Allemagne entend enrayer les mouvements spéculatifs mis en évidence avec la crise grecque. Mais elle a à nouveau fait cavalier seul, soulignent les analystes.
Les investisseurs veulent "un leadership et une unité", ce qui est plus facile à réaliser au sein d'un seul pays, comme les Etats-Unis par exemple, qu'au sein d'un groupe de pays (la zone euro), note Frédéric Buzaré. "Toute déclaration unilatérale est prise comme preuve supplémentaire que la zone euro n'est pas une zone de stabilité", ajoute-t-il.
Pour François Duhen, "nous sommes dans une phase de transition", avec "des Etats le dos au mur, contraints de prendre des mesures" de réduction des déficits. Mais cette phase "est plus marquée" et "pourrait durer plus longtemps que prévu en raison du manque patent de coordination des partenaires européens, des maladresses de communication et de la complexité des processus législatifs", selon lui.
La semaine a également été marquée par un accès de faiblesse de l'euro, qui a atteint mercredi son niveau le plus bas face au dollar, à 1,2144 dollar, depuis la mi-avril 2006. Il s'est repris jeudi et vendredi et évoluait au-dessus des 1,25 dollar vendredi en fin d'après-midi.
La baisse de l'euro favorise les exportations européennes et donc les groupes du CAC 40 fortement exportateurs (EADS, Saint Gobain...). Mais elle traduit aussi la défiance des investisseurs envers les actifs européens, actions et obligations, notent les analystes.
La semaine prochaine sera plus fournie en indicateurs économiques que celle qui vient de s'écouler: les investisseurs attendront notamment plusieurs chiffres sur l'immobilier (lundi et mercredi) et les commandes durables (mercredi) aux Etats-Unis.