Voici des réactions d'économistes après l'annonce par l'Insee d'une progression de +0,1% du produit intérieur brut (PIB) français au premier trimestre:
- Marc Touati (Global Equities):
Cette contre-performance est principalement due à la croissance zéro de la consommation des ménages, elle-même liée à la fin de la prime à la casse et à la déprime des consommateurs au premier trimestre. En outre, l'investissement a continué de se replier.
Si l'investissement reste moribond, l'emploi ne peut redémarrer, réduisant mécaniquement la consommation et la croissance à venir.
- Nicolas Bouzou (Asterès):
Douche froide. Première déception: le PIB a été quasiment stable au T1 (+0,1%). Plus gênant: ce fort ralentissement tient uniquement à la demande interne. En effet, les exportations se sont fortement accrues (+3,9% sur le seul premier trimestre) montrant que l'ENVIRONNEMENT international de la France s'améliore un peu (le recul de l'euro y participe).
L'investissement des entreprises est toujours en recul (-0,9% au T1).
Plus étonnant, l'investissement public a perdu 1,2% au T1. Il me semblait pourtant qu'un plan de relance avait été voté, et qu'un ministère était même chargé de son exécution. Pourtant, l'investissement public n'a plus augmenté depuis le T2 2009. Il y a là un petit mystère qui demanderait à être éclairci.
- Alexander Law (Xerfi):
Le chiffre qui retient en premier lieu l'attention est bien entendu la consommation des ménages qui stagne après un excellent quatrième trimestre 2009. La consommation française est aujourd'hui en grand danger pour la simple et bonne raison que le pouvoir d'achat est vraisemblablement en baisse depuis le début de l'année.
Les dépenses d'investissement des entreprises ont reculé pour le huitième trimestre consécutif au premier trimestre.
Finalement, la seule bonne nouvelle nous sera venue du commerce extérieur, sans lequel le PIB aurait reculé de 0,3%.
Les politiques budgétaires moins expansives que l'on annonce (si l'on ne parle pas de rigueur ou d'austérité) auront forcément un impact à un moment donné ou à un autre sur la croissance. En d'autres termes, la sortie de crise n'est vraiment pas pour tout de suite.
- Jean-Christophe Caffet (Natixis):
La forte baisse de l'investissement public (-1,2% au premier trimestre) peut être interprété comme le signe d'une baisse progressive des mesures décidées dans le plan de relance, mais cela reflète surtout, selon nous, des difficultés rencontrées par les administrations locales (en raison d'une forte baisse de leurs recettes).
Les chiffres du jour confirment notre scénario d'une reprise ponctuelle de l'économie, due à des facteurs temporaires comem la baisse des prix ou le restockage.
- Laurence Boone (Barclays Capital):
La consommation devrait rester faible dans les mois qui viennent en raison d'un fort taux de chômage et des perspectives de futures hausses d'impôts, à l'aune de la réforme des retraites, alors que l'investissement privé et le restockage devraient contribuer davantage à la croissance cette année.
- Mathilde Lemoine (HSBC):
Sans la consommation, la croissance est toujours faible en France. Or nous pensons que la consommation va rester atone. En effet, le retour de l'inflation, le chômage et la fin des mesures de relance vont peser sur les revenus des ménages.