
Le chômage a nettement reculé en Allemagne au mois d'avril selon des chiffres annoncés jeudi, une bonne surprise qui permet au gouvernement d'afficher un certain optimisme sur l'évolution du marché de l'emploi en 2010.
En avril le taux de chômage brut, référence dans le débat public, a baissé à 8,1% contre 8,5% en mars et environ 3,4 millions de personnes recherchaient un emploi, soit 162.000 de moins qu'en mars.
Une baisse "forte et inattendue", a commenté Frank-Jürgen Weise, le président de l'Agence fédérale pour l'emploi, qui parle d'une "stabilisation" du marché.
Le recul est confirmé en données corrigées des variations saisonnières (CVS), privilégiées par les économistes, avec un taux de chômage de 7,8% contre 8,0% en mars, là où les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires attendaient un taux stable.
Ce niveau est le plus bas depuis décembre 2008 et c'est la plus forte baisse depuis début 2008 en données CVS. Elle met en évidence "le contraste actuel entre le climat économique en Allemagne et les troubles périphériques", selon l'analyste Jennifer McKeown, de Capital Economics.
Face aux "incertitudes de l'économie mondiale", "le marché de l'emploi est un roc dans la tempête", a jugé la ministre de l'Emploi Ursula von der Leyen (CDU) lors d'un point presse.
La baisse d'avril est beaucoup plus forte qu'habituellement à cette période de l'année, a-t-elle souligné. Le marché connaît traditionnellement une embellie au printemps avec l'amélioration des conditions météorologiques qui dope la construction et le tourisme.
Les accords salariaux orientés sur la sauvegarde de l'emploi, comme dans la métallurgie, et le recours massif au chômage partiel y sont aussi pour beaucoup.
Les subventions de l'Etat au chômage partiel "semblent continuer à porter leurs fruits", selon Mme McKeown.
Sans ces aides publiques pour aider les entreprises à garder leurs salariés, "la situation ne serait pas aussi bonne", a reconnu Mme von der Leyen.
Berlin a récemment décidé de prolonger jusqu'à mars 2012 le dispositif, qui a permis de sauver environ 1,1 million d'emplois en Allemagne en 2009, selon les chiffres du gouvernement.
L'embellie d'avril incombe aussi à un effet statistique, le décompte ayant cette année été clos avant les vacances de Pâques, a précisé l'Agence pour l'emploi. Or les embauches sont souvent repoussées après les vacances.
Pour les experts, la stabilisation du marché de l'emploi devrait se poursuivre dans les mois à venir, ce qui est un bon augure pour la consommation des ménages.
Les principaux instituts de conjoncture allemands avaient déjà souligné mi-avril la robustesse "étonnante" du marché de l'emploi. Ils ne misent plus que sur un taux de chômage moyen de 8,1% sur l'année.
"Je pense que nous resterons cette année sous le seuil des 4 millions de chômeurs, même dans les mauvais mois", a renchéri Mme von der Leyen, qui croyait encore fin janvier au franchissement de cette barre.
Les entreprises recommencent certes à embaucher mais "avec précaution", a tempéré l'économiste Alexander Koch chez UniCredit.
Et si l'Asie tire la demande de biens allemands, "les entreprises actives en Europe doivent composer avec des inconnues" comme l'attitude des banques, l'accès au crédit et la solvabilité des clients à l'exportation, a reconnu la ministre.