
La consommation des ménages a fortement ralenti au premier trimestre, principalement impactée par les achats automobiles, mais le rebond enregistré au mois de mars a empêché le traditionnel moteur de la croissance française de caler complètement.
Selon les chiffres publiés vendredi par l'Insee, les dépenses de consommation des ménages pour les seuls produits manufacturés (environ un quart de la consommation totale) ont progressé de 1,2% en mars par rapport au mois précédent. Mais en raison des fortes baisses du début de l'année (-2,5% en janvier, -1,4% en février), ces dépenses ont tout de même chuté de 1,9% sur l'ensemble du premier trimestre, comme l'avait anticipé l'Insee dans ses dernières prévisions.
Sur cette base, l'Institut national de la statistique estimait que la consommation totale des ménages, soutenue par des achats massifs d'automobiles au dernier trimestre 2009 (+0,9%), allait être cette année à la peine, avec un net ralentissement (+0,1%) au premier trimestre et même un recul au deuxième (-0,2%).
Cette mollesse de la consommation, principal soutien de la croissance en France, se traduirait par une reprise molle et fragile. La progression du produit intérieur brut (PIB) serait limitée à seulement 0,2% au premier trimestre, puis 0,3% au deuxième trimestre, selon l'Insee.
Si cette prévision se réalise, il faudrait que le PIB gagne 0,5 à 0,6% sur chacun des deux derniers trimestres de l'année pour atteindre une croissance de 1,4% sur l'ensemble de l'année 2010, comme le gouvernement l'a annoncé.
Mais selon l'entourage de la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, la hausse de la consommation enregistrée en mars prouve que "la demande des ménages continue de résister, au-delà des facteurs exceptionnels et donc temporaires du début de l?année" (contrecoup de la réduction de la prime à la casse automobile et des soldes d?hiver).
La chute de la consommation au premier trimestre est principalement liée au retrait progressif de la prime à la casse, les achats de voitures ayant chuté de 11,5% par rapport au trimestre précédent, explique Mathilde Lemoine, économiste à la banque HSBC.
"C'est l'automobile qui donne le tempo à l'ensemble (...) Hélas, tout porte à croire que l'embellie de mars sera de courte durée: les ménages ont anticipé leurs achats en fin d'année dernière et les immatriculations devraient nettement reculer cette année" avec la disparition progressive de la prime à la casse, ajoute Alexander Law, économiste chez Xerfi.
La consommation faiblit également dans d'autres secteurs: -0,3% au premier trimestre pour les achats de textile-cuir et -0,1% pour les "autres produits manufacturés", relève l'économiste Nicolas Bouzou (Asterès).
Seul l'équipement du logement progresse (+1,1%), en raison notamment de l'électronique de loisir. Un secteur qui devrait "bien se comporter au cours des prochaines semaines avant le début de la Coupe du monde de football qui dopera comme d'habitude les ventes de téléviseurs", note Alexander Law.
"Il n'y a pas de décrochage de la consommation, mais une perte de dynamisme, logiquement liée à la stagnation du pouvoir d'achat", résume M. Bouzou.
Soutenu par une inflation quasi nulle en 2009 et les mesures gouvernementales de relance de l'activité, le pouvoir d'achat avait bondi de 2,2% l'an dernier. Mais au premier semestre 2010, il ne gagnerait que 0,3% selon l'Insee.
Le chômage, qui touche près de 10% de la population active début 2010, est également un frein à la consommation, incitant les Français à limiter leurs dépenses pour privilégier l'épargne de précaution.