Le moral des industriels français a progressé de quatre points en avril par rapport à mars pour atteindre 97 points, malgré des carnets de commandes encore peu fournis, a annoncé jeudi l'Insee.
Cet indicateur synthétique du climat des affaires dans l'industrie manufacturière avait chuté tout au long de la récession pour atteindre un plus bas historique à 70 points en mars 2009, selon l'Institut national de la statistique.
Il s'est depuis redressé mais reste toutefois en-dessous de sa moyenne de longue période (100 points), qui n'a plus été atteinte depuis le mois de juillet 2008, selon l'Insee.
Dans l'enquête d'avril, les entrepreneurs de l?industrie manufacturière estiment que leur activité passée a sensiblement progressé.
La production passée "a été visiblement plus forte que ce que les industriels anticipaient", analyse Nicolas Bouzou, économiste au cabinet Asterès.
Les stocks de produits finis se réduisent encore et sont jugés très légers. Les carnets de commandes globaux s?étoffent, mais ils restent peu fournis.
En revanche, les carnets de commandes étrangers, déjà faibles, se dégarnissent à nouveau, selon l'Insee.
Cela confirme que "l?industrie française profite peu du rebond international, notamment parce que ses principaux clients sont dans la zone euro, qui demeure encore le parent pauvre de la croissance mondiale", a commenté Marc Touati, économiste chez Global Equities.
"Si l?on regarde ces chiffres attentivement, on voit que le recul des carnets de commandes étrangers est circonscrit à l?automobile", note Nicolas Bouzou. "Il faut bien sûr y voir l?effet du retrait progressif des dispositifs de prime à la casse un peu partout dans le monde", ajoute-t-il.
Si les perspectives personnelles de production pour les prochains mois se stabilisent à un niveau moyen, les perspectives générales, qui représentent l?opinion des industriels sur l?activité de l?industrie dans son ensemble, "progressent nettement", ajoute l'Institut de la statistique.
Ces évolutions "offrent des perspectives encourageantes pour le marché du travail, dont la situation s?est progressivement stabilisée au cours des derniers mois", a-t-on commenté à Bercy.
Pour Nicolas Bouzou, deux facteurs contradictoires vont jouer dans les mois à venir: dans un sens défavorable à l'activité, l'assainissement budgétaire devrait s'accélérer dans les pays malmenés par les marchés, comme la Grèce, l'Espagne ou l'Irlande.
En revanche, la chute de l?euro/dollar, qui tire nos exportations hors zone euro, devrait bénéficier à l'économie, selon lui.
"L?un dans l?autre, la progression de la production industrielle devrait rester limitée", conclut-il.