L’étiquette carbone n’est pas le chantier le plus abouti en matière de consommation durable. Pourtant, elle doit devenir – progressivement- obligatoire au 1er janvier 2011. « On ne renoncera pas, a assuré Chantal Jouano lors du « point d’étape » sur les avancées de l’étiquette carbone. C’est une attente forte des consommateurs ». Selon la Secrétaire d’Etat à l’écologie, « l'étiquetage environnemental sera mis en place progressivement par type de produit, et s'appliquera ensuite aux denrées alimentaires, à partir de 2012 ».
L’étiquette carbone, qui constitue un des engagements phares du Grenelle en matière de consommation, a fait l’objet en janvier 2008 d’une convention entre la FCD et le ministère de l’écologie ; depuis, la FCD a mis en place un groupe de travail avec une dizaine d’enseignes et 120 industriels, appuyé par l’Ademe. Objectif : définir la méthodologie qui devra être déployée, à terme, sur l’ensemble des produits de consommation courante.
Pour l’heure, 232 références ont fait l’objet d’une évaluation de leur empreinte carbone sur l’ensemble de leur cycle de vie, correspondant à 6 stades : la production des matières premières, l’emballage, la fabrication du produit, le transport, la distribution et l’utilisation finale du produit. Outre l’empreinte CO2, un autre critère doit figurer sur l’étiquetage, comme par exemple la consommation d’eau ou le degré de recyclage, en fonction des produits.
Coût et fiabilité de l’information
Mais le recueil de données fiables sur les émissions de CO2 à chaque étape reste encore difficile à réaliser. « Il existe beaucoup d’incertitudes à lever, souligne Jérôme Bédier, président de la FCD. Pour certains produits, nous n’avons pas de données pour toute la chaîne de production ». Autre difficulté, le coût et la fiabilité de l’information environnementale. « L’étiquette carbone ne doit pas être un coût supplémentaire pour la distribution, souligne Jérôme Bédier. Par ailleurs nous devons veiller à ne pas donner de fausses informations, qui pourraient être assimilées à de la publicité mensongère… ».
Pour les données les plus difficiles à collecter (notamment celles qui sont liées à la production ou à la logistique), des valeurs génériques seront utilisées et rassemblées dans une base de données publique, réalisée par l’Ademe, qui devra couvrir les principaux ingrédients des produits concernés, qu’ils soient fabriqués en France ou importés. Parallèlement, une plateforme Ademe-Afnor a été mise en place avec 300 participants - acteurs, privés, publics et ONG-, pour établir une méthodologie générale déclinée dans 10 groupes spécifiques ( alimentaire, entretien, habillement ...).
Comment présenter l’information ?
Impliqué dès l’adoption de l’étiquette carbone, Casino fait figure aujourd’hui de leader sur le sujet, puisqu’il a déjà étiqueté 600 produits vendus sous sa propre marque. Le groupe affiche depuis juin 2008 sur ses produits alimentaires une étiquette affichant la quantité de CO2 émise pour 100 grammes de produit, les possibilités de recyclage, ainsi que les kilomètres parcourus par le produit. Mais l’enseigne ne souhaite pas en dire plus pour l’instant. « Nous préférons couvrir tous nos produits avant de communiquer sur notre démarche, indique le responsable affichage environnemental du groupe. Ce sera en tout cas un argument différenciant pour Casino ».
Dernière difficulté et non des moindres : l’harmonisation et la présentation et de ces informations au consommateur. Comment les rendre compréhensibles pour encourager les actes d’achats responsables ? Casino a choisi la forme d’une réglette allant du jaune clair au vert foncé pour situer le degré de performance écologique du produit, allant de « faible à fort impact environnemental ». Contrairement à l’étiquette énergie, l’indice carbone de Casino ne comporte pas dans son code couleur de zone rouge, jugée trop culpabilisatrice pour le consommateur.
Véronique Smée