Voici des réactions d'économistes après la publication mardi par l'Insee des prix à la consommation en France, en hausse en février de 0,6% par rapport au mois précédent et de 1,3% sur un an:
- Adèle Renaux (Natixis):
"Cette forte hausse de l'indice français des prix à la consommation peut paraître assez surprenante et, de notre point de vue, elle l'est. Mais elle semble aussi être due, en grande partie, à la fin précoce des soldes d'hiver. L'augmentation saisonnière des prix des vêtements et chaussures, que l'on constate habituellement en mars, s'est manifestée cette fois dès février (...) Nous pensons donc qu'il y aura une correction à la baisse en mars, et confirmons notre prévision d'une inflation annuelle moyenne de 1,2% en 2010."
- Marc Touati (Global Equities):
"L'inflation de février 2010 pourrait amener certains observateurs hâtifs à déclarer que la forte inflation est de retour dans l'Hexagone et qu'il faut donc se préparer à des lendemains difficiles en matière de pouvoir d'achat et de taux directeurs de la Banque centrale européenne. En fait, il n'en est rien. L'augmentation de février est avant tout une correction de l'effet soldes de janvier (...) L'autre grande raison est tout aussi relativisable, dans la mesure où il s'agit de l'augmentation saisonnière des prix liée aux vacances scolaires: +32,4% pour les prix dans les hébergements de vacances et +7,1% pour les voyages touristiques."
- Alexander Law (Xerfi):
"Petit à petit, l'inflation regagne du terrain en France (...) Il ne s'agit pas de niveaux mirobolants, mais cette évolution doit être considérée à sa juste valeur: en cette période où le chômage augmente et où les revalorisations salariales sont réduites à leur plus simple expression, toute hausse des prix retire immédiatement du pouvoir d'achat aux ménages. Si la consommation a résisté l'année dernière, c'est parce que l'inflation était nulle ou presque, ce qui a donné des marges de manoeuvre aux consommateurs. Cette année, la donne est tout autre et nous estimons même que le pouvoir d'achat pourrait reculer en moyenne annuelle. La consommation des ménages est en grand danger, ce qui amenuisera automatiquement la croissance du PIB espérée pour cette année".
- Nicolas Bouzou (Asterès):
"La raison de la hausse des prix se trouve en partie du côté de l'énergie et en particulier des produits pétroliers (+11,3% sur un an). C'est la conséquence directe de l'augmentation des cours des matières premières énergétiques observée depuis trois trimestres (...) L'économie française (comme toutes les économies développées) reste en situation de surcapacité de production. Il n'y a donc aucune tension sur les prix à la production susceptibles de se transmettre sur la globalité des prix de détail. Ce qui signifie que la BCE n'a pas de raison de modifier sa politique monétaire à court terme, la situation française étant assez représentative de l'ensemble de la zone euro (...) Le recul de l'euro par rapport au dollar, s'il se confirme, va accentuer cette tendance en augmentant mécaniquement le prix des produits manufacturés (qui représentent plus de 30% des dépenses totales des ménages)."