(AOF / Funds) - La volatilité sur le yen offre des opportunités aux investisseurs, quelle que soit la classe d'actifs : les obligations libellées en yens intéresseront les profils prudents et les actions japonaises les profils plus dynamiques.
Contrairement aux autres pays, le Japon n'a pas remonté ses taux directeurs après l'éclatement de la bulle Internet. Les taux directeurs de la Banque centrale japonaise (Bank of Japan) étant très bas – ils ne sont que de 0,8 % à ce jour – le «carry trade» sur le yen a eu le vent en poupe ces dernières années auprès des investisseurs, essentiellement des institutionnels. La méthode consiste à profiter des différentiels de taux d'intérêt entre deux devises en s'endettant dans une devise à faible taux d'intérêt, en l'occurrence le yen, pour ensuite réinvestir les fonds empruntés dans une autre devise avec un taux d'intérêt plus fort, principalement le dollar, l'euro et la livre sterling. Plus le yen se dévalue, plus la technique est intéressante. Aussi, l'appréciation exceptionnelle du yen en 2008, avec +20 % par rapport au dollar et +30 % par rapport à l'euro, fait-elle craindre des débouclages massifs de positions de «carry trade». Un scénario pour l'instant à écarter selon les perspectives de Xavier Clerebaut, gérant chez ING IM, qui anticipe un affaiblissement du yen pour l'année 2009. «En 2009, le dollar va reprendre des couleurs grâce au plan de relance économique américain, sous réserve que les marchés l'accueillent favorablement, anticipe Xavier Clerebaut. De plus, au Japon tous les indicateurs économiques sont pour l'instant dans le rouge, avec par exemple un indice de confiance des dirigeants japonais, le Tankan, qui a connu à fin 2008 sa plus forte chute depuis 1975.
Autre fait marquant, le Japon souffre du ralentissement de ses exportations. Le secteur automobile a ainsi enregistré un recul de plus de 30 % de ses ventes sur le marché américain pour décembre 2008». En revanche, à plus long terme, ING IM prévoit une appréciation de la devise nippone, ce qui devrait, à l'opposé du «carry trade», attirer des capitaux extérieurs. «Depuis le début de la crise, toutes les Banques centrales baissent leurs taux directeurs pour relancer le crédit, indique Xavier Clerebaut. Le différentiel des taux entre le yen et les autres devises s'en trouve réduit, ce qui réduit l'attrait de ces dernières. De plus, le Japon étant entré en récession au cours de l'année 2008, le gouvernement japonais a alloué un budget à la relance de son économie pour un montant d'environ 720 milliards d'euros. Il devrait se traduire par une appréciation du yen à horizon douze mois». Depuis le début de la crise, les investisseurs sont retournés sur le yen, même en période de récession. Dans ce cadre, le gérant estime que le yen continue de présenter des perspectives d'appréciation. «Actuellement, même avec la récession du Japon, le yen offre des rendements au moins supérieurs aux autres types d'investissements en devises, précise Xavier Clerebaut. Je pense donc qu'en cas de récession mondiale avérée, le yen restera stable et pourrait offrir un îlot de protection aux investisseurs.»
Allocations d'actifs modèles au 7 janvier 2009 pour jouer le yen
Pour un profil prudent
- Obligataire : 85%
- Monétaire : 15%
Les obligations libellées en yens, plus particulièrement les titres obligataires gouvernementaux. Rendement : 1,30 % à 10 ans.
Pour un profil équilibré
- Actions : 45%
- Obligataire : 45%
- Monétaire : 10%
Les actions nippones, en évitant les secteurs qui dépendent des exportations, pour préférer les valeurs non cycliques, comme les pharmaceutiques.
Pour un profil dynamique
- Actions : 95%
- Monétaire : 5%
Un panel d'actions japonaises le plus large possible pour miser sur une reprise globale de l'activité au Japon.
Floriane Tedoldi