134 millions d’euros sur cinq ans. Le décès d’un cheval sur les plages de St Michel-en-Grève l’été dernier a précipité l’action. Depuis, l’Etat a perdu son procès et doit prendre à sa charge le nettoyage des algues vertes sur les plages. Mais pour parvenir à une réduction du phénomène « 30 à 40 % d’ici 2015 », de nombreuses mesures ont été édictées.
« Aujourd’hui, un virage a été pris sur l’agriculture en Bretagne mais on ne peut pas revenir sur 15 ou 20 ans de pratiques qui n’allaient pas dans le bon sens d’un claquement de doigts », a toutefois concédé le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire. Vu la profonde absorption des nitrates dans les eaux et les sols bretons, le chemin sera long. « 10 à 15 ans », prévoit la secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Chantal Jouanno.
Sur les 134 millions d’euros alloués, 94 millions seront pris en charge par l’Etat, le reste par les collectivités territoriales. Elles devront notamment veiller au fait que les permis délivrés aux exploitations agricoles ne détruisent pas les sols. Et devront également faire respecter les plans d’actions locaux qui imposent aux agriculteurs de consigner les taux de nitrates utilisés dans un perpétuel souci de réduction de ces derniers.
Trop de cadeaux aux agriculteurs
Le plan concerne 8 baies en Loire-Atlantique, 23 bassins versants et plus de 3 500 exploitations. Les plans d’actions locaux devront être validés en 2012. Exception faite pour deux baies prioritaires, celles de St Brieuc et de Lannion, pour lesquelles les plans devront être élaborés un an auparavant, en 2011. L’Etat va donc procéder, cet été, au ramassage et au traitement des algues (financement à hauteur de 50 %) mais a d’ores et déjà trouvé une méthode pour les transformer : la méthanisation. Un appel à projets sera lancé courant 2010. Les premières unités opérationnelles de méthanisation sont attendues pour 2012. A cette époque, comme l’explique Chantal Jouanno, « on sera en capacité de les méthaniser pour faire de l’énergie et une forme d’engrais ».
Si la Fédération agricole s’estime heureuse de la résolution du fléau des algues vertes, les écologistes crient un peu moins victoire. Dénonçant un budget bien trop faible pour venir à bout du phénomène, ils sont également déçus que les agriculteurs, qu’ils tiennent pour responsables, ne soient pas punis plus sévèrement. « Ce plan n’est pas à la dimension du problème. Il affiche une ambition mais n’a pas les moyens de son ambition », s’offusque Gilles Huet, de l’association Eau et Rivières. Critiquant la volonté de ne pas modifier les subventions accordées au profit d’une autre agriculture, nombre d’écologistes doutent de la véritable ambition du gouvernement.