La Bourse de New York a chuté jeudi à son plus bas niveau depuis début novembre, dans un marché saisi d'inquiétude pour le marché de l'emploi aux Etats-Unis et les difficultés budgétaires de certains pays européens: le Dow Jones a perdu 2,61% et le Nasdaq 2,99%.
Selon les chiffres définitifs de clôture, le Dow Jones Industrial Average a lâché 268,37 points à 10.002,18 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 65,48 points à 2.125,43 points.
L'indice élargi Standard & Poor's 500 a abandonné de son côté 3,11% (34,17 points) à 1.063,11 points.
L'indice phare a plongé brièvement sous les 10.000 points au son de la cloche de fin de séance, pour la première fois depuis le 6 novembre, avant de se reprendre avec la prise en compte des tous derniers échanges. Il accuse sa plus forte chute depuis début juillet.
"Tous les cadrans sont dans le rouge", a réagi Lindsey Piegza, de FTN Financial. "C'est une journée très négative, avant une journée très importante".
Les investisseurs attendent comme toujours avec nervosité les statistiques mensuelles de l'emploi aux Etats-Unis, diffusées vendredi avant l'ouverture de Wall Street. Dans ce contexte, ils ont particulièrement mal accueilli l'annonce d'une hausse inattendue du nombre de nouvelles inscriptions au chômage, à 480.000 la semaine dernière.
"L'ENVIRONNEMENT est très négatif", a jugé Mace Blicksilver, de Marblehead Asset Management. "Il y a ce problème de dettes souveraines en Europe, mais qui existe aussi ici, au niveau des Etats: la Californie, l'Etat de New York. C'est le même problème depuis trois ans, une crise de la dette, au niveau du gouvernement ou des entreprises."
Les inquiétudes pour les déficits publics de la Grèce, mais aussi du Portugal et de l'Espagne portaient le dollar au plus haut depuis mai face à l'euro, repassé sous 1,38 dollar.
Cela a entraîné une chute des prix des matières premières, vendues en monnaie américaine et donc rendues moins attractives par ce mouvement, et par ricochet les valeurs minières et énergétiques. Le producteur d'aluminium Alcoa a plongé de 4,30%, le pétrolier ExxonMobil de 2,82% alors que le baril de pétrole a perdu plus de 5% de sa valeur à New York.
Plus généralement, les grandes compagnies exportatrices, dans l'industrie et la technologie, ont souffert du renforcement du dollar: le fabricant d'engins de chantiers Caterpillar a reculé de 3,73%, l'avionneur Boeing de 3,48%, le conglomérat General Electric de 3,84%, le fabricant de microprocesseurs Intel de 3,20%.
Autre manifestation des inquiétudes des investisseurs, l'indice "Vix" de volatilité, surnommé "l'indice de la peur", s'est envolé de 20%.
Seule valeur du Dow Jones en hausse, le fabricant d'équipements télécoms Cisco a gagné 0,39% à 23,16 dollars. Il a publié des résultats trimestriels supérieurs aux attentes et à ses prévisions, et annoncé prévoir d'embaucher deux à trois mille personnes "dans les trimestres qui viennent".
Kellogg a chuté de 5,04% à 52,41 dollars. Le producteur de céréales pour le petit déjeuner a publié un bénéfice en légère baisse sur le dernier trimestre, moins bon que ne le prévoyaient les analystes et en deçà de ses propres prévisions.
Bank of America a dégringolé de 5,02% à 14,75 dollars. Le ministre de la Justice de l'Etat de New York, Andrew Cuomo, poursuit la banque pour avoir caché les pertes de sa filiale Merrill Lynch et "manipulé" les autorités pour obtenir une aide fédérale massive.
Le reste du secteur bancaire a connu une journée difficile, l'indice S&P le représentant chutant de 3,93%.
Le portail internet Monster a plongé de 12,36% à 14,39 dollars. Il va racheter le site de petites annonces d'emplois HotJobs à Yahoo! (-2?91% à 15,01 dollars) pour 225 millions de dollars en numéraire.
Le marché obligataire, refuge de l'investisseur inquiet, a bondi. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a reculé à 3,610% contre 3,703% mercredi soir, et celui du bon à 30 ans à 4,545% contre 4,632% la veille.