Le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les Etats-Unis, le Japon, la Norvège et l’UE à 27 ont annoncé leur objectif de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, conformément aux engagements pris à Copenhague. Sans surprise, les Etats-Unis ont réitéré leur objectif de réduction de 17% par rapport à 2005 (soit 4% en prenant l’année de référence 1990), objectif que Barack Obama souhaiterait porter à 41% d'ici 2030 et 83% d'ici 2050 si son projet d eloi sur le climat était adopté. Cette annonce a été suivie par celle du Canada, qui a indiqué vouloir s’aligner sur les objectifs américains, soit 17% par rapport à 2005. C’est moins que ce qu’il avait annoncé précédemment – moins 20 % par rapport à 2006. Le gouvernement d’Ottawa a aussitôt été critiqué les organisations écologistes : «La nouvelle cible va conduire à augmenter les émissions de gaz à effet de serre plutôt qu'à les réduire», souligne Greenpeace. En 2007, le gouvernement s'était fixé en effet l'objectif de réduire de 20% ses émissions par rapport à 2006. Cet objectif correspondait à une réduction de 3% sous le niveau de 1990, année de référence de Kyoto. « Or, la nouvelle cible canadienne équivaut d'ici 2020 à une augmentation de 2,5% des émissions de GES par rapport à leur niveau de 1990 », indiquent les ONG..
Le ministre de l'Environnement, Jim Prentice, a indiqué qu’ «éventuellement, [ le gouvernement ] se penchera sur les sables bitumineux et sur les différentes sources d'émissions. Mais, aujourd'hui, notre objectif était de nous acquitter de nos obligations relativement à l'accord [de Copenhague] ». Il a ajouté que le Canada et les États-Unis harmoniseraient leurs objectifs de réduction, notamment dans les transports. «À partir de 2011, nous allons mettre en place des normes d'émissions [de CO2 pour toutes les automobiles en circulation en Amérique du Nord]», ainsi qu'en matière de «transport aérien, maritime et pour les poids lourds».
Autre pays à avoir annoncé des objectifs à la baisse, l'Australie s’est engagée dans une réduction de 5% en 2020 au lieu des 15% prévus « en cas d’accord à Copenhague ». Accord ou pas, le sénat australien avait quoi qu’il en soit rejeté avant Copenhague le plan climat du gouvernement, prévoyant une diminution des émissions comprise entre 5 et 25% en 2020 par rapport à 2000…
"Vers 3, voire 4°C de réchauffement"
De leur côté, les pays émergents ont également réaffirmé ce qu’ils avaient annoncé à Copenhague : la Chine prévoit de réduire ses émissions de CO2 par unité de PIB de 40 à 45% par rapport à 2005, l’Inde a annoncé une réduction de 20 à 25% de ses émissions d'ici 2020 par rapport aux niveaux de 2005. Le gouvernement n’a pas précisé les mesures qu’il compte prendre pour y parvenir. Il avait annoncé avant le sommet de Copenhague, en septembre dernier, la mise en œuvre d'un « programme d'efficacité énergétique national », permettant de réduire de 5% la consommation énergétique annuelle, soit 100 millions de tonnes de CO2 par an (voir article lié). Un programme qui laisse cependant perplexe le Climate Change India, un réseau d'experts environnementaux : « ce plan s'apparente plus à une sorte de catalogue de déclarations, sans proposition concrète ou rapidement applicable. Il n'affiche pas d'objectif précis, ni de calendrier à court, moyen ou long terme », estime le Climate Change India. Enfin, le Brésil s’est engagé comme il l’avait indiqué dans une réduction des émissions de 36 à 39% d'ici 2020, principalement en luttant contre la déforestation en Amazonie.
Le Japon, qui s'était fixé l'objectif d'une réduction de 25% par rapport à 1990 « si d'autres pays développés s'engagent à la même hauteur », maintient son objectif, tandis que l’Union européenne campe sur ses positions : 20% d’ici 2020 par rapport à 1990, et 30% en cas d’effort équivalent des pays industrialisés et en développement. Réagissant à ces annonces, les ONG membres du Réseau action Climat estiment que « les objectifs de l’UE, l’Inde, le Brésil et le Japon sont insatisfaisants ; ceux des Etats-Unis, de la Chine, de la Russie, du Canada et de l’Australie sont très largement insuffisants. L’écart se creuse entre l’objectif scientifique des 2°C et les objectifs politiques annoncés qui nous emmènent vers 3, voire 4°C d’augmentation de la température globale».
Pour Greenpeace, la faiblesse de ces objectifs et le caractère non contraignant de l’accord "ne peuvent que laisser perplexe quant au respect des autres engagements : les financements de l’adaptation aux conséquences des changements climatiques pour les pays les plus pauvres et les plus vulnérables et l’atténuation de l’impact des pays en développement sur le dérèglement du climat".