Deutsche Bank a conservé sa recommandation Conserver sur Rhodia avant la publication le 24 février des résultats du quatrième trimestre du groupe français de chimie. Le broker ne fixe pas d'objectif de cours sur la valeur. Ce lundi, le titre Rhodia progresse de 0,26% à 13,625 euros. La banque alllemande anticipe un Ebitda du quatrième trimestre 2009 en hausse de 34% sur un an à 189 millions d'euros, soutenu par la hausse des volumes (particulièrement dans l'automobile et sur les marchés émergents) et des réductions de coûts.
Concernant les perspectives, malgré quelques signes d'une amélioration macroéconomique et d'une augmentation de la production automobile, le bureau d'études reste prudent pour 2010 étant donné la faiblesse de la visibilité et l'importance que le marché porte à la création de trésorerie. Avec une action qui se traite à 7 fois sa valeur d'entreprise/Ebitda hors CERs, Deutsche Bank ne décèle pas une valorisation avantageuse comparée à ses pairs.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Le groupe a opéré un repositionnement en profondeur avec la cession des branches les moins rentables et la réorganisation autour de six pôles. Rhodia est l'un des trois premiers acteurs mondiaux de la chimie de spécialités, plus rentable que la chimie de base.
- Le groupe a souvent fait preuve d'une bonne capacité à répercuter la hausse des matières premières et du dollar sur ses prix, préservant ainsi ses niveaux de rentabilité.
- Rhodia réalise 45% de ses ventes dans les pays émergents (notamment en Chine et au Brésil) et compte poursuivre son développement dans ces zones. C'est un avantage comparatif face à ses concurrents.
- Rhodia a développé une activité de revente de crédit carbone (CER). 30% du chiffre d'affaires du groupe s'inscrit dans une démarche de développement durable.
Les points faibles de la valeur
- Rhodia est fortement dépendant du prix des matières premières, et plus particulièrement de celui des dérivés du pétrole (benzène...). Il est également pénalisé en cas de repli du dollar.
- Pour 2010, les tendances restent encore incertaines. La sortie de crise est marquée par d'importantes disparités régionales et sectorielles. Le groupe espère néanmoins profiter de la dynamique des marchés émergents.
- La structure bilantielle du groupe, avec notamment des capitaux propres négatifs, reste le principal point faible. La question de l'endettement financier est néanmoins en passe d'être résolue. La direction a renégocié la dette. Elle dépasse aujourd'hui de peu le milliard d'euros, soit le plus faible niveau depuis la création de Rhodia.
Comment suivre la valeur
- Le secteur de la chimie est particulièrement sensible à la conjoncture économique. Rhodia est une valeur cyclique et extrêmement volatile.
- Les analystes jugent les perspectives 2010 déjà intégrées dans les cours.
- Le groupe résiste mieux que ses concurrents à la crise. Son statut d'acteur incontournable du secteur pourrait être renforcé en sortie de crise.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Chimie
Standard & Poor's estime qu'en 2010, parmi les entreprises européennes, les sociétés chimiques devraient subir un taux de défaut particulièrement élevé. Les professionnels estiment que l'industrie chimique européenne devrait enregistrer un recul de 12,4% en 2009, la chimie française subissant, pour sa part, une baisse de 11,5%. Pour 2010 le marché devrait très significativement se redresser avec des taux de croissance de 4,7% pour l'Europe et de 5,5% pour la France. La chimie de base souffre d'une pression accrue sur les prix tandis que la chimie de spécialités doit faire évoluer son modèle. En effet, selon la société de consulting Booz & Cie, non seulement la crise limite la demande pour les produits innovants, qui tirent les prix à la hausse, mais de nouveaux entrants venus de Chine et d'Inde menacent leurs positions concurrentielles. D'après Standard and Poor's les producteurs de gaz industriels, les spécialistes des cosmétiques et des produits phytosanitaires (pesticides) sont les mieux lotis.