Il s’agit de l’un des plus gros contrats jamais octroyé dans le secteur énergétique au Moyen Orient : la construction de quatre centrales nucléaires aux Emirats arabes unies. Un consortium mené par EDF et GDF Suez (dont faisaient également partie Areva et Total) était sur le coup depuis deux ans. Mais l’offre sud-coréenne proposée par Korea Electric Power (KEPCO) a finalement été préférée, jugée financièrement plus intéressante par l’Agence émiratie de l’énergie nucléaire (la commande pourrait atteindre 40 milliards de dollars).
Cette dernière a certes laissé entendre qu’elle pourrait commander plus tard « des centrales additionnelles », mais l’EPR subie ici un nouveau revers. La faute à « l’équipe de France » qui a « mis trop de temps à se mettre en ordre de bataille », a déploré Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée. A moins que le retard que connaît le chantier de l’EPR en Finlande, qui a déjà couté quelque 2,3 milliards d’euros à Areva, est refroidi les EAU. Ou peut-être est-ce le surcoût de 20 % annoncé pour les travaux de celui de Flamanville ?
Signalons aussi le retard de deux mois observé pour la construction de deux EPR en Chine. Enfin, il est évident que ce nouveau type de réacteur n’inspire plus vraiment confiance depuis les réserves émises par les autorités de sûreté nucléaires britannique, française et finlandaise sur son système de pilotage (celui-ci ne serait pas suffisamment indépendant du système de sauvegarde). Faut-il donc aujourd’hui remettre en cause le réacteur pressurisé européen ?
Programme EPR : un « flop monumental »
« Le verdict d’Abou Dhabi doit servir de déclic : les autorités françaises doivent reconnaître que le programme EPR est un grave échec et doivent le stopper immédiatement », estime le Réseau Sortir du Nucléaire dans un communiqué intitulé : « Le flop monumental du réacteur nucléaire EPR ». « Présenté comme le ‘fleuron’ de l’industrie nucléaire française, l’EPR accumule les plus graves déconvenues », souligne-t-il. Et d’ajouter qu’il « s’avère trop mauvais et trop cher pour être sélectionné » et qu’il « coûte de l’argent à la France au lieu de lui en apporter ». Avant de conclure : « Tous les réacteurs nucléaires sont dangereux et chers, mais l’EPR est assurément un des pires réacteurs nucléaires de tous les temps ».
De leur côté, le consortium français et M. Guéant restent confiants envers la nouvelle technologie, persuadés qu’elle « a le niveau de sûreté le plus important au monde ».