Toutes les espèces ne sont pas égales face au changement climatique. Leurs potentiels d’évolution et leurs cycles biologiques varient selon les effectifs, la longévité ou le mode de reproduction. C’est ainsi que certains insectes, qui ont des cycles reproductifs rapides, s’adaptent plus vite que les oiseaux qui s’en nourrissent. Conséquences : prolifération des chenilles au mauvais moment, et pénurie alimentaire pour les oisillons, qui auront eu le tort de naître juste un peu trop tard…
Nous connaissons les causes de l’érosion de la biodiversité : Artificialisation et destruction des habitats naturels, fragmentation des écosystèmes, dissémination d’espèces invasives, pollutions, prélèvements excessifs. Et bien sûr le changement climatique, facteur aggravant universel. Mais nous sommes nous posé la question de savoir dans quelle mesure nos stratégies adaptatives seront favorables ou défavorables à la biodiversité ?
Les espèces vont devoir se déplacer et circuler librement : c’est le sens du projet de trame « verte et bleue ». Mais ne risquons nous pas, par certaines adaptations qui nous seraient favorables à court terme, de créer de nouvelles ruptures écologiques, par exemple pour produire de l’énergie à partir de biomasse ou de vastes fermes solaires, ou à travers une densification de certaines zones urbaines, ou encore via une modification des cultures ?
Analyser le changement climatique avec pour seuls paramètres la température et la concentration atmosphérique de CO2 ou de méthane, c’est un peu court. Une approche systémique est indispensable pour éclairer les choix politiques locaux et globaux, intégrant les écosystèmes, l’homme et ses activités, pour comprendre les effets combinés des stratégies d’adaptation des êtres vivants, humains et non humains.
Nous commettrions une erreur fondamentale en oubliant la biodiversité. Elle est notre meilleure alliée pour limiter l’ampleur du changement climatique et nous adapter à ses conséquences. Elle est notre assurance vie face à cet inconnu vers lequel nous fonçons.
Par le directeur de l’institut Inspire