Pendant quelques minutes, le 2 décembre, le toit de l’Assemblée Nationale s’est orné d’une banderole au message explicite : « Copenhague, aux actes Monsieur le Président »... Une opération signée Greenpeace qui visait, quelques heures avant un débat sur le sujet à l’Assemblée sur la position française et surtout à 5 jours du sommet de Copenhague, à exhorter le gouvernement à prendre de « vrais engagements concrets et chiffrés » ; soit « réduire les émissions françaises de 40 % d’ici à 2020 et chiffrer à 4,2 milliards d’euros par an la contribution de la France au soutien des pays en développement ». Ces revendications sont également soutenues par les 10 autres ONG qui ont lancé l’appel de l’Ultimatum climatique. La pétition qui a recueilli jusqu’à présent la signature de près de 450 000 français sera d’ailleurs portée au Président de la République le 10 décembre prochain.
Certes, le gouvernement n’aura pas ménagé ses efforts depuis la semaine dernière pour montrer une France leader et volontariste dans les négociations. On a ainsi pu voir Nicolas Sarkozy à Manaus au Brésil pour le sommet des pays de l’Amazonie puis à Trinidad et Tobago, pour celui du Commonwealth, où il a tenté de rallier le plus grand nombre de pays possibles à la position européenne et où il a proposé, avec Gordon Brown, la création d'un "fonds de lancement de Copenhague" de 10 milliards de dolars par an entre 2010 et 2012. De son côté, le ministre de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo, s’est illustré à Pékin, avec sa proposition du plan « Justice Climat » qui prône une réduction ambitieuse des gaz à effets de serre dans les pays industrialisés et des investissements qui ne le seraient pas moins dans les pays en développement.
Quel avenir pour les déclarations françaises ?
Mais selon les associations, le compte n’y est pas. Certes, « le plan Borloo, est un bon début », estime Elise Buckle, responsable énergie/climat pour le WWF. Celui-ci, qui se chiffre à 470 milliards d’euros sur 20 ans, propose ainsi des mécanismes de financement innovants - telle la taxation des carburants de soute (pour les bateaux et avions) ou, idée qui revient sur le devant de la scène, des transactions financières -, la création d’une Organisation mondiale de l’environnement et de forts investissements dans les énergies renouvelables, notamment en Afrique qui serait le premier continent à fonctionner sans énergie fossile en 2020, selon cette « vision du monde » proposée par Borloo. « Mais quelle est sa chance de mise en œuvre ? », s’interrogent les ONG. Celui-ci n’ayant pas encore été validé au niveau inter-ministériel – notamment par le ministre du budget- ni par le Président de la République…Surtout, comme l’a rappelé lui même Jean-Louis Borloo lors d’une table ronde sur le sujet avec le Medef et les ONG notamment, la France n’a pas à avoir une « position » mais propose seulement une « contribution » puisque « c’est l’Europe qui s’exprimera à Copenhague ». Justement, souligne les députés français d’Europe Ecologie, ce plan ne s’inscrit malheureusement pas dans le cadre européen…Quant à l’accord Lula/Sarkozy, les ONG sont encore plus dubitatives. « Il n’y a rien de plus que ce qu’il y avait dans les déclarations de Bali, c’est une coquille vide », déclare ainsi Morgane Créach’, directrice du pôle international du réseau action climat.
« Nicolas Sarkozy ne cesse pour l’heure de se cacher derrière la Chine, l’Inde ou les USA. Mais la France et l’Europe sont elles aussi loin d’être exemplaires alors que rien n’est perdu et qu’elles peuvent changer la donne », souligne ainsi Greenpeace. De leur côté, les députés d’Europe Ecologie eux, dénoncent le « double jeu » de la France : lors du vote de la résolution Copenhague, le 25 novembre au Parlement européen, les députés UMP ont voulu « réduire l’ambition du projet de résolution en tentant de minorer les objectifs européens de réduction des émissions de gaz à effet de serre ou de supprimer les références chiffrées de soutien aux pays du Sud », expliquent-ils dans un communiqué. Et rappelons que, concernant le financement, la France –comme l’ensemble des pays industrialisés- est encore loin des 0,7 % de son PIB alloué à l’aide au développement puisqu’elle n’y consacre aujourd’hui que 0,44%...