
L'économie du Japon a connu au troisième trimestre 2009 son plus fort taux de croissance en deux ans et demi, pulvérisant les pronostics et confirmant la fin de la plus longue récession de l'après-guerre, selon des statistiques officielles publiées lundi.
Le produit intérieur brut (PIB) japonais a progressé de 1,2% par rapport au trimestre précédent, soit 4,8% en rythme annualisé, a annoncé le gouvernement.
Cette hausse est deux fois plus forte que le pronostic moyen des économistes (+0,6% par rapport au trimestre précédent, selon un sondage réalisé auprès de neuf d'entre eux par Dow Jones Newswires), et la plus importante depuis celle enregistrée au premier trimestre 2007 (+1,4% sur un trimestre).
Ces chiffres constituent "une bonne surprise", a estimé Naoki Murakami, économiste chez Monex Securities. "Il ne fait pas de doute que l'économie japonaise est en train de se redresser grâce aux exportations", a-t-il jugé.
Sur le marché des changes, le yen s'est renforcé face au dollar. Mais le PIB meilleur que prévu a eu peu d'impact sur la Bourse de Tokyo, où l'indice nikkei a terminé la séance de lundi en faible hausse de 0,21%.
Les exportations nettes (c'est à dire diminuées des importations) ont crû de 3,4% par rapport au trimestre précédent, stimulées par les plans de relance mis en oeuvre par de nombreux gouvernements étrangers, qui ont notamment entraîné un accroissement de la demande de voitures japonaises.
Soutenue par les mesures de relance au Japon, qui avoisinent 5% du PIB, la consommation des ménages a pour sa part progressé de 0,7%, tandis que l'investissement en capital du secteur privé a augmenté de 1,6%. Autre facteur positif : les stocks des entreprises se sont résorbés de 0,7%.
L'investissement public s'est en revanche contracté de 1,2%, et l'investissement immobilier du secteur privé a plongé de 7,7%.
Le PIB du Japon avait déjà rebondi de 0,7% au deuxième trimestre 2009, selon des chiffres révisés, ce qui avait mis fin à douze mois de récession, la plus longue et la plus profonde traversée par le pays depuis 1945.
Mais certains économistes craignent que l'embellie soit de courte durée.
"Une fois de plus, l'économie a donné une de ces bonnes surprises qui ressemble fort peu à la réalité, à savoir les difficultés auxquelles devra faire face le Japon à moyen et long terme", a estimé l'économiste en chef pour l'Asie à la Société Générale, Glenn Maguire, rappelant notamment que le Japon souffre d'"un énorme excès de capacités de production".
"Les investisseurs restent sceptiques concernant la reprise après 2010, quand les mesures de relance budgétaire se seront estompées", a noté pour sa part Susumu Kato, économiste en chef pour le Japon à la banque Calyon.
Les statistiques publiées lundi indiquent par ailleurs que le Japon reste largement la deuxième économie mondiale devant la Chine, même si ce pays devrait, selon tous les pronostics, lui ravir le titre en 2010 ou en 2011.
Pour les neuf mois de janvier à septembre, le PIB japonais s'est élevé à 389.799,3 milliards de yens (4.357,7 milliards de dollars). Pour la même période, celui de la Chine a atteint 21.781,7 milliards de yuans (3.189,6 milliards de dollars), selon des statistiques publiées par Pékin le 22 octobre.
La comparaison est toutefois à prendre avec précaution en raison des importantes différences dans les méthodes de calcul entre les deux pays, et de la force actuelle du yen qui gonfle la conversion du PIB nippon.