Les ventes de logements neufs aux Etats-Unis ont chuté de manière inattendue en septembre, mettant fin à cinq mois consécutifs de hausse, ce qui contribue à alimenter les inquiétudes des investisseurs sur le rythme de la reprise en cours aux Etats-Unis.
Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés mercredi par le département du Commerce américain, les ventes de logements neufs ont plongé de 3,6% par rapport au mois d'août.
Qui plus est, le ministère a revu globalement en forte baisse la progression des ventes des mois précédents.
L'annonce de ces chiffres a eu lieu à la veille de la publication de la première estimation officielle du PIB américain pour le troisième trimestre, laquelle devrait confirmer que les Etats-Unis sont sortis de la récession pendant l'été.
Au lendemain de l'annonce d'une nouvelle chute surprise de la confiance des consommateurs américains, le recul des ventes de logements neufs a alimenté les doutes des investisseurs sur la force de la reprise en cours, et contribué à faire baisser la Bourse de Wall Street.
Pour John Stoltzfus, analyste de Ticonderoga Securities, "les marchés sont en train de réévaluer la situation après sept mois de rebond des actions dans le monde entier".
"Les signes de croissance économique naissante ne suffisent pas. Le marché veut maintenant savoir ce qui va se passer quand les mesures de relance prendront fin", ajoute-t-il.
La baisse des ventes de logements neufs ne remet cependant pas en cause les prévisions de la banque centrale américaine (Fed), qui a averti à de nombreuses reprises que la reprise serait longue, pleine d'"à-coups", voire "douloureuse" selon le mot d'un de ses dirigeants.
Plusieurs analystes expliquent d'ailleurs la baisse de septembre par l'arrivée à échéance, à la fin du mois de novembre, du crédit d'impôt accordé aux personnes qui achètent un bien immobilier pour la première fois, la signature d'une transaction en septembre arrivant dans bien des cas trop tard pour permettre d'en bénéficier.
Le redressement durable du marché du logement, par lequel la crise est arrivée, passe pour être une condition nécessaire à l'établissement d'une croissance économique viable.
Pour ce secteur, les deux ou trois mois à venir pourraient être "délicats", estimait déjà il y a une semaine Ian Shepherdson, économiste de l'institut HFE, après la publication de chiffres montrant une progression des mises en chantiers de logements bien moins forte que ne l'espéraient les analystes.
M. Shepherdson estime néanmoins que "les bases de l'économie soutiennent désormais le marché", mais que la suite "dépend de l'extension ou non du crédit d'impôt", ce dont discute actuellement le Congrès des Etats-Unis.
Faisant remarquer que "les ventes de logements neufs sont bien au-dessus de leur plancher" touché en janvier (de plus de 22%), Inna Mufteeva, économiste de Natixis note qu'elles "ne parviennent pas à progresser de manière notable sans mesures de relance supplémentaires".
"Après cinq mois de hausse, les ventes de logements neufs ont baissé en septembre. La belle affaire!" estime cependant l'économiste indépendant Joel Naroff.
Même s'il y a des questions en suspens, comme celle du crédit d'impôt, dit-il, "la forte hausse des ventes de logements anciens" (elles ont progressé en septembre pour le troisième mois de suite en glissement annuel, de 9,4%) "montre que le marché ne faiblit pas".
Si cela fait baisser la Bourse, conclut-il, c'est à cause de "la mauvaise humeur des investisseurs".