
L'économie britannique est restée enfoncée dans la récession au troisième trimestre, et a même subi sa plus longue phase de repli depuis plus d'un demi-siècle, un nouveau camouflet pour le gouvernement de Gordon Brown à l'approche d'élections pour lesquelles le Labour est donné perdant.
Les économistes espéraient que le Royaume-Uni, entré en récession au deuxième trimestre 2008, aurait renoué avec une maigre croissance (qu'ils voyaient à 0,2% en moyenne) entre juillet et septembre. Mais la première estimation de l'ONS, l'équivalent britannique de l'Insee, a fait ressortir au contraire une chute du Produit intérieur brut (PIB) de 0,4% par rapport au trimestre précédent, et de 5,2% sur un an.
C'est à peine mieux qu'au deuxième trimestre, où le PIB avait reculé de 0,6%, et en tout, l'économie britannique s'est repliée de 5,9% depuis son entrée en récession.
Enfin, pour couronner le tout, l'ONS a dit n'avoir jamais enregistré de période de contraction de l'activité économique aussi longue depuis 1955.
Cette nouvelle douche froide a déclenché une rafale de commentaires abattus dans la City.
"Rebouchez le champagne", s'est lamenté Philip Shaw, économiste d'Investec.
Ces données "sont un vrai choc et désespérément décevantes", a renchéri Howard Archer, chef économiste du cabinet IHS Global Insight, tandis que James Knightley d'ING les qualifiait d'"atroces", remarquant que "le Royaume-Uni pourrait être la seule grande économie à s'être contractée au troisième trimestre".
Plusieurs autres pays dont la France, l'Allemagne et le Japon ont au contraire renoué avec la croissance dès le deuxième trimestre de cette année.
Cette contre-performance ne fait en tout cas pas les affaires du gouvernement, à huit mois au plus d'élections législatives pour lesquelles le parti travailliste, au pouvoir depuis douze ans, est donné largement perdant face aux conservateurs. Sa prévision d'un recul du PIB autour de 3,5% cette année semble de plus en plus irréaliste.
Le ministre des Finances, Alistair Darling, a néanmoins pris soin de rappeler qu'il avait prédit depuis le printemps que la croissance ne repartirait que vers "le tournant de l'année".
Et il a estimé que cela justifiait le maintien des mesures de relance, d'une ampleur et d'un coût sans précédent, mis en place depuis un an par le gouvernement.
Mais l'opposition s'en est donné à coeur joie, pourfendant les déclarations de Gordon Brown, au début de la crise du crédit, selon lesquelles le Royaume-Uni était grâce aux réformes du New Labour "mieux préparé" que ses voisins pour affronter la crise.
"Cela détruit le mythe que le Royaume-Uni était mieux préparé, que le gouvernement avait un plan pour sortir de la récession", a lancé George Osborne, le candidat conservateur au poste de ministre des Finances, qui pourrait succéder au printemps à M. Darling.
Maintenant, "il est clair que le plan de Gordon Brown pour sortir de la récession n'a pas fonctionné, et que nous avons besoin de toute urgence (...) d'une nouvelle équipe au pouvoir".