
La construction de logements aux Etats-Unis apparaît toujours fragile à moins de deux mois de l'expiration d'un dispositif fiscal encourageant les Américains à l'achat d'une habitation.
D'autre part, les prix à la production aux Etats-Unis ont chuté de manière inattendue en septembre, selon les chiffres publiés mardi par le département du Travail, alors que les économistes tablaient sur une stabilité.
Les chiffres sur l'activité actuelle et à venir du secteur publiés mardi par le département du Commerce à Washington ont déçu les analystes.
Ils ont montré en effet une progression des mises en chantier bien moins forte que prévu en septembre, de 0,5% par rapport au mois d'août (en données corrigées des variations saisonnières), et le ministère a revu en forte baisse les chiffres du mois précédent.
Et le nombre de permis de construire délivrés, indicateur de l'activité à venir, a reculé contre toute attente, de 1,2% par rapport au mois précédent.
Le secteur de la construction de logements avait touché le fond en avril. L'immobilier ayant été à l'origine de la crise, il est suivi de près, les économistes et le gouvernemant estimant qu'aucune reprise viable ne pourra s'installer sans une progression durable de la construction de logements.
"Le fait est que nous avons encore beaucoup à faire avant de voir une reprise économique durable", a reconnu le secrétaire au Commerce américain, Gary Locke, dans un communiqué.
"La faiblesse des taux pour les emprunts immobiliers, la suite des dépenses de relance fiscale et l'amélioration des revenus des ménages devraient favoriser une croissance robuste du marché du logement dans les mois à venir", a-t-il ajouté.

Cependant, si les taux immobiliers sont effectivement encore très bas (la moyenne du taux de référence à trente ans est repassée sous 5% depuis le début du mois) et permettent une reprise des ventes, les deux ou trois mois à venir pourraient être "délicats", selon l'expression d'Ian Shepherdson, économiste de l'institut HFE.
Le secteur a en effet beaucoup profité du crédit d'impôt de 8.000 dollars accordé aux personnes achetant un logement pour la première fois d'ici au 1er décembre.
Les principales associations de banquiers hypothécaires, d'agents immobiliers et du secteur du bâtiment ont écrit lundi au président américain Barack Obama, pour lui demander d'étendre ce dispositif au-delà, ce dont devait discuter dans la journée une commission du Sénat, mais rien n'est acquis.
Un autre facteur d'incertitude risque de peser dans les mois à venir: le niveau des taux des emprunts immobiliers après le 31 mars 2010, date à laquelle la banque centrale prévoit de cesser son programme de rachats de titres hypothécaires sur les marchés, un programme qui permet de maintenir ces taux bas.
Témoin de ces appréhensions, le moral des constructeurs de logements à baissé en octobre après trois mois de hausse, du fait essentiellement d'une baisse des perspectives d'activité, selon l'étude mensuelle publiée lundi par l'Association nationale des constructeurs de logements (NAHB) et la banque Wells Fargo.
Le rebond de la construction de logement observé depuis le milieu du printemps "semble terminé", estime M. Shepherdson, qui reste néanmoins "optimiste pour 2010".
Pour Eric Lascelles, économiste du courtier TD Securities, "l'heure de la stagnation a commencé", les chiffres des permis de construire "ne [laissant] présager aucune reprise immédiate des départs de chantiers".
A moyen terme cependant, estime Patrick Newport, du cabinet d'économistes IHS Global Insight, "les promoteurs vont devoir augmenter leur production du fait de la faiblesse des stocks", même si le crédit d'impôt n'est pas prolongé.