L’analyse de la déclaration finale, publiée le 25 septembre 2009, par les 20 Etats représentant 85 % de l’économie mondiale, réunis à Pittsburgh pour leur second G20 de l’année, laisse de nombreuses possibilités d’interprétation. On en retient la volonté de mettre en place des systèmes encadrant le versement des bonus dans le secteur financier et incitant à étaler leur versement dans le temps, les sanctions contre les paradis fiscaux qui se refuseraient à toute coopération à partir de mars 2010, et quelques phrases sur la volonté de se diriger vers «
une croissance plus verte et plus durable » et de ne pas «
ménager leurs efforts pour trouver un accord à Copenhague, lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques ».
Frédéric Bonnevay, économiste et co-auteur d’une note de l’Institut Montaigne intitulée «
Entre G2 et G20, l’Europe face à la crise financière» estime que «
ce sommet a été constructif en confirmant le maintien des plans de relance nationaux et en donnant des orientations communes aux programmes de régulation financière. » Même si la note, publiée avant le sommet, estimait que les toutes les conclusions des précédentes réunions du G 20 ne s'étaient pas toujours traduites par des «résultats concrets», il considère que celui de Pittsburgh «
facilitera durablement la coordination des politiques économiques. » Il reconnait malgré tout que certains grands sujets macro-économiques ont été laissés de côté.
Côté ONG, on ne partage pas cette vision optimiste du sommet de Pittsburgh. Dans un communiqué, publié 48 heures après la réunion, Oxfam, à l’origine d’une campagne contre les paradis fiscaux (voir article lié), regrette que «
90 % du chemin reste encore à parcourir pour lutter contre les paradis fiscaux et que les pays du Sud ne soient pas associés à ce combat". Elle déplore aussi l’occasion manquée de créer «
un mécanisme de taxation des transactions financières à un niveau international.» Son
principal reproche concerne les promesses non tenues de ce type de sommet envers les pays les plus pauvres. Que ce soit sous forme de G 20 ou de G8, les pays les plus riches s’engagent régulièrement à améliorer l’accès à la santé et à l’éducation dans les pays qui ne sont pas membres de ces clubs à accès limité. Oxfam rappelle, par exemple, qu’en avril 2009, le G 20 de Londres avait promis 50 milliards de
dollars pour les pays les plus pauvres et n’en a trouvé, depuis, que 25.
Le G 20 de Pittsburgh restera peut-être comme celui qui a voulu verdir le bilan de son organisation. Le choix de cette ville, initialement berceau de l’acier américain devenue l’un des centres de productions des nouvelles technologies vertes, y a contribué mais tout a été fait pour mettre en avant le nouvel engagement américain dans ce domaine. Pour minimiser l’empreinte carbone du sommet, 65 % des matériaux utilisés étaient respectueux del'environnement. Les moquettes étaient issues de matériaux recyclés, les tables de négociations seront réutilisées, l’éclairage et les matériaux avaient la certification environnementale "LEED" et les divers éléments du décor ont été construits à base d’aluminium et de PVC recyclés.
Reste à convertir cet démarche symbolique en engagements vertueux... Prochain sommet, celui de Copenhague, le 5 décembre 2009 !
A.C. Husson-Traore