(AOF / Funds) - Sans surprise, la période estivale a été calme sur le marché obligataire corporate en euros. Ce dernier a été rouvert en début de semaine dernière avec l'émission de Daimler pour un montant de 2 milliards d'euros. Le constructeur automobile a ainsi profité du mouvement de resserrement des spreads qui s'est poursuivi durant l'été, parallèlement au rebond du marché actions. Après un premier semestre record, les banquiers s'attendent néanmoins à un volume d'émissions moins important mais plus diversifié au second semestre. En effet, l'attrait des investisseurs pour des rendements plus élevés pourrait inciter les émetteurs high yield à venir sur le marché, tandis que, sur le segment des financières, les émissions de dettes subordonnées de Deutsche Bank et Société Générale la semaine dernière laissent augurer un retour des émissions de ce type.
Côté interbancaire, les opérations de refinancement à douze mois auprès de la BCE prévues en septembre et décembre prochains pourraient accélérer la normalisation du marché. Enfin, sur le marché des taux et des changes, l'été a été marqué par une baisse des taux longs dans la zone euro comme aux Etats-Unis et par un affaiblissement du dollar, en particulier contre euro, la devise américaine ayant en effet souffert du regain d'appétit pour le risque observé cet été.
Le marché interbancaire toujours en voie de normalisation
Le marché interbancaire poursuit sa normalisation. Le spread entre l'Euribor 3 mois et l'OIS 3 mois, c'est-à-dire le taux de swap sur l'Eonia 3 mois, s'est resserré d'environ 10 pb depuis le début du mois de juillet. Ce spread, qui est un bon indicateur des tensions sur le marché interbancaire, fluctue désormais autour de 40 pb, un niveau qui reste relativement élevé. S'il est peu probable qu'il renoue avec ses niveaux moyens antérieurs à la crise (5-10 pb), il existe encore une marge de resserrement dans les mois à venir. «Le marché anticipe un spread OIS 3 mois / Euribor 3 mois à environ 35 pb à la fin du mois de décembre et à 25 pb en milieu d'année prochaine», explique Vincent Chaigneau, responsable de la stratégie sur les taux et les changes, à la Société Générale. Cette anticipation peut en partie être expliquée par les injections de liquidité massives attendues en septembre et décembre, lors des prochaines opérations de refinancement à 12 mois de la BCE. La première opération de ce type, qui a eu lieu fin juin, s'est traduite par une allocation de 442 milliards d'euros à taux fixe. Au lendemain de l'opération, le spread était passé de 58 à 45 pb. «Les nouvelles injections de liquidité en perspective devraient maintenir l'Eonia sur des bas niveaux et favoriser une réduction supplémentaire des spreads Eonia-Euribor, souligne Vincent Chaigneau. Au total, les taux Euribor 3 mois pourraient atteindre de nouveaux points bas.»
Marché obligataire : ralentissement des émissions corporate durant l'été
L'accalmie observée durant la période estivale n'a pas empêché quelques émetteurs de profiter de la poursuite du resserrement des spreads. C'est le cas notamment de plusieurs corporates appartenant au secteur automobile. Début juillet, Peugeot a profité de l'amélioration des conditions de marché pour lever 750 millions d'euros à cinq ans, alors qu'à peine un mois plus tard Standard & Poor's abaissait de BBB- à BB+ la note de crédit du groupe, désormais «non investment grade». En début de semaine dernière, Daimler a lancé une émission de 2 milliards d'euros à cinq ans, afin d'anticiper ses tombées de dette au premier trimestre 2010. Le spread offert (MS + 185 pb), dans la fourchette basse, témoigne de l'intérêt des investisseurs, le carnet d'ordres ayant atteint 9 milliards d'euros.
Angèle Pellicier