Deutsche Bank a abaissé sa recommandation de Conserver à Vendre et son objectif de cours de 25 à 20 euros sur Remy Cointreau. « Bien que nous pensions que la direction de Remy prend maintenant les bonnes mesures afin de créer de la valeur sur le long terme, à notre point de vue elles viennent très simplement au mauvais moment dans le cycle du champagne », écrit le bureau d'études. Avant d'ajouter : « En plus de cela, la société opère à la limite de ses covenants bancaires, ce qui pourrait créer de nouvelles difficultés ».
Il souligne qu'il serait très facile pour Remy Cointreau de réduire ses dépenses de publicité et de promotion pour éviter un tel événement, mais cette mesure aurait un effet majeur sur la santé de ses marques à long terme
Pour l'analyste, une renégociation des facilités bancaires est plus vraisemblable qu'une rupture des covenants.
AOF - EN SAVOIR PLUS
LEXIQUE
Covenants de dette : Terme anglais désignant des clauses restrictives attachées à un contrat de prêt et destinées à protéger le créancier. Ces clauses peuvent notamment contraindre l'emprunteur à limiter son endettement total à un certain seuil, à respecter des ratios financiers définis, à communiquer régulièrement sur l'état de son patrimoine ou encore à restreindre les versements de dividendes. Si le débiteur ne respecte pas ses engagements, le créancier peut alors revoir à la hausse le taux d'intérêt du prêt.
Né en 1991 du rapprochement entre Rémy Martin et Cointreau, Rémy Cointreau est le deuxième producteur et distributeur de vins et spiritueux en France et se classe parmi les dix premiers du secteur à l'échelon mondial. Le groupe, contrôlé par la famille Hériard Dubreuil, est notamment propriétaire des marques Rémy Martin, Cointreau, Passoa, Charles et Piper-Heidsieck.
Remy Cointreau réalise une grande partie de ses ventes sur le cognac, le reste se répartissant entre les liqueurs, les spiritueux, le champagne, les vins et les marques partenaires.
Les points forts de la valeur
- Rémy Cointreau se concentre sur la croissance de ses marques phares, avec une ambition clairement affichée de positionnement « haut de gamme ». Cette politique est soutenue par d'importants investissements promotionnels.
-Le groupe continue d'augmenter ses prix sur tous ses produits et possède la stratégie de prix la plus agressive parmi les spiritueux.
Les points faibles de la valeur
- Du fait de sa taille réduite par rapport à ses concurrents, Rémy Cointreau fait figure d'outsider et n'a pas les moyens de grandir significativement par croissance externe.
- Le groupe est fortement dépendant du cognac, qui représente près de la moitié chiffre d'affaires.
- L'accord global de distribution avec Maxxium prend fin à compter du 30 mars 2009. Les analystes restent donc prudents, la visibilité en termes de distribution étant pour l'instant floue. De plus, la provision financière enregistrée pour la rupture de l'accord devrait peser sur les comptes du groupe.
Comment suivre la valeur
- Deux éléments primordiaux influencent la consommation de spiritueux. D'une part, les revenus et la confiance des ménages, d'autre part, l'évolution des modes. On prêtera donc attention, respectivement, au contexte économique et aux nouvelles habitudes de consommation.
- Les résultats du groupe sont sensibles aux variations de change, dans la mesure où Rémy Cointreau réalise la majeure partie de son chiffre d'affaires en dehors de la zone euro. L'exposition au risque de change porte principalement sur le dollar, le yen et la livre.
-Rémy Cointreau présente un aspect spéculatif restreint puisque le holding de la famille Hériard-Dubreuil détient 44,3 % du capital tandis que Récopart (Pierre Cointreau) possède 13,6 % des parts. Le marché spécule toutefois régulièrement sur une évolution de l'actionnariat familial pour faciliter un adossement ou un rapprochement.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Agroalimentaire
En France, l'Association nationale des industries alimentaires (ANIA) estime que les ventes ont progressé de 5,5% en 2008, à 162,9 milliards d'euros alors même que la part du budget moyen des ménages consacrée à l'alimentation a fléchi pour atteindre 13% (contre 14% en 2007). Néanmoins cette progression reflète essentiellement le renchérissement du coût des matières premières, qui a obligé les groupes agroalimentaires à accroître leurs prix de vente. Cette politique ne leur a pas toujours permis de préserver leurs marges : l'ANIA considère que seuls 25% de l'accroissement du prix des matières premières a pu être répercuté. Sur le premier trimestre le secteur résiste mieux que les autres sur notre territoire : 323 entreprises ont été placées en redressement judiciaire ou en liquidation, un chiffre en recul de 5% par rapport aux trois premiers mois de 2008. C'est beaucoup mieux que le reste de l'économie puisque, tous secteurs confondus, ce chiffre a bondi de 21%. L'autre indicateur qui souligne la bonne résistance de ce marché concerne l'emploi. Le nombre d'emplois est resté quasi-stable en 2008 (-0,6%) contre une baisse de 2% pour tous les secteurs. L'industrie agroalimentaire est le second pourvoyeur d'emplois en France (avec 412000 salariés) derrière la sidérurgie.