Le petit éolien, c’est un peu "l’éolienne des villes" : des installations d’une puissance comprise entre 1 et 25 kilowatts (kW), quand "l’éolienne des champs" affiche en moyenne 2 mégawatts (MW). Niveau taille, rien à voir non plus puisque les éoliennes de poche dépassent rarement 12 m, seuil à partir duquel il faut un permis de construire.
Pour l’instant, on ne dénombre que 650 mini-éoliennes en France, quand les les Américains en ont installé plus de 10 000 rien que l’année dernière. Outre-Atlantique, le marché a le vent dans le dos : +78% en 2008. Forcément, cela donne des idées. La société belge Windeo, a par exemple lancé en juin une offre de services tout-compris en France. Elle rejoint des installateurs plus anciens comme France Eoliennes, Weole et Krug.
L’éolien faiblement subventionné
Alors, le petit éolien a-t-il un avenir aussi prometteur que son compère le photovoltaïque ? A priori, rien d’évident. Avec une augmentation de 43% du nombre de raccordements au réseau, rien que dans les 3 premiers mois de 2009, le photovoltaïque règne sans conteste, notamment grâce à son tarif de rachat fixé à 60 centimes d’euros le kWh.
Le hic, c’est que l’éolien, lui, n’est racheté que 8 centimes d’euros par EDF, et encore, l’obligation ne vaut que dans les zones de développement de l’éolien, qui concernent surtout les grands parcs de plusieurs mégawatts. Loïc Péquignot, président de Windeo relativise en rappelant que la logique des particuliers et des entreprises est majoritairement celle de l’indépendance énergétique : pouvoir produire l’électricité que l’on consomme.
Autre problème, les petites éoliennes subissent les mêmes critiques que leurs grandes sœurs. Selon un sondage de l’Ifop, réalisé pour Windeo, 65% des personnes interrogées les trouvent inesthétiques et la moitié critiquent leur impact sur le paysage et leur niveau sonore. De plus, malgré le crédit d’impôts de 50% pour les particuliers, le coût de l’investissement est considéré comme un frein important.
Dernier point faible souvent évoqué : l’intérêt d’une installation est très fortement dépendant de la vitesse moyenne du vent. Il ne suffit donc pas de vouloir une éolienne, encore faut-il que les conditions soient réunies pour que le projet soit un minimum rentable.
Une technologie qui a évolué
Comment expliquer dans ce cas le boom de cette énergie aux États-Unis ? Tout simplement car la technologie est passée au niveau supérieur, gommant ainsi la plupart des faiblesses citées plus haut. "Il y a eu un gros effort de recherche et développement qui a abouti à une deuxième génération de petites éoliennes", explique Loïc Péquignot. Plus performantes, les mini-éoliennes peuvent être installées dans un plus grand nombre d’endroits, notamment en zone urbaine. Certaines sont devenues quasiment silencieuses et affichent un aspect plus "design".
Mais, si la technologie s’améliore, la réglementation reste la même. En clair, mieux vaut pouvoir fournir un dossier béton et convaincre ses voisins pour éviter que l’histoire se transforme en casse-tête. Si les installations de moins de 12 m s’affranchissent du permis de construire et de la déclaration de travaux, elles doivent quand même faire l’objet d’une notice d’impact (paysage, bruit, etc.) et respecter le code de l’ENVIRONNEMENT et du patrimoine.
Le petit éolien n’est donc pas accessible à tout le monde, partout, sans conditions. Un terrain dégagé de plusieurs centaines de mètres carrés est même préférable. Mais la consolidation d’une filière professionnelle qui prend en charge ces formalités pourrait déjà rassurer de nombreux particuliers allergiques aux démarches administratives. Et, selon Windeo, le plus gros du marché viendra des entreprises et collectivités, qui peuvent notamment utiliser les grandes surfaces disponibles sur leurs toits.