La Bourse de Paris a manqué d'élan cette semaine, malgré quelques statistiques encourageantes, les investisseurs semblant se résoudre à une sortie de crise lente et douloureuse aux Etats-Unis et en Europe.
Sur la semaine écoulée, le CAC 40 a perdu 0,39%, pour terminer vendredi à 3.326,14 points, après trois semaines de hausse. Depuis le 1er janvier, l'indice vedette a progressé de 3,36%.
Les prises de bénéfices subies lundi (-1,48%) par le marché parisien ont donné le ton pour le reste de la semaine, le CAC 40 butant sur le seuil des 3.330 points à plusieurs reprises.
"On est dans une phase de pause. Beaucoup espéraient qu'on accélérerait à la hausse et d'autres une correction à la baisse, mais faute de carburant, on n'a pas réussi à continuer sur la lancée", a jugé Guillaume Garabédian, gérant chez Meeschaert Gestion Privée.
La semaine a été principalement favorable aux valeurs qui avaient peu profité de la reprise du marché, comme la consommation et la pharmacie au détriment de l'automobile et de l'industrie.
"Le rebond du marché semble s?essouffler cette semaine en dépit de statistiques macroéconomiques qui suggèrent toujours une modération de la récession", expliquent les économistes de Natixis.
Le consommateur américain tient le choc, comme en témoigne la hausse des ventes de détails aux Etat-Unis en mai, même si l'indice de confiance mesuré en juin par l'université du Michigan a déçu les attentes.
"Un examen plus approfondi révèle que la reprise tant attendue reste hypothétique", jugent les stratégistes de Fortis Investments.
"On ne peut pas être complètement rassurés", renchérit M. Garabédian, mettant en avant notamment le fait que le taux de chômage continue de grimper.
Selon lui, "il n'y a pas de vrai retournement clairement identifié à la hausse sur l'économie réelle". La Réserve fédérale américaine (Fed) pense d'ailleurs que les Etats-Unis renoueront avec la croissance d'ici fin décembre, mais que la reprise sera lente et fragile.
Dans ce contexte, les investisseurs se sentent encore peu concernés par le marché, comme en témoigne la faiblesse des volumes d'échanges quotidiens, jamais supérieurs à 3 milliards d'euros cette semaine.
Ce désintérêt n'inquiète par le courtier Global Equities pour qui "il y a assez d'investisseurs qui ont manqué la hausse depuis mars pour penser que les actions progresseront à nouveau très bientôt".
La fin du trimestre approchant, les fonds de gestion seront en effet contraints de proposer à leurs clients le meilleur portefeuille possible.
Pour M. Garabédian, "on est dans une phase d'attente" et il faudrait que le marché soit surpris pour qu'il change nettement d'orientation.
"Cela peut venir soit de publication d'entreprises plus problématiques ou au contraire d'une vraie amélioration macroéconomique", explique-t-il.
La semaine prochaine sera riche en enseignements avec notamment aux Etats-Unis les statistiques sur les permis de construire et les mises en chantier de logements, ainsi que l'indicateur composite de l'activité économique pour mai.
Les investisseurs surveilleront par ailleurs les taux longs américains, montés en flèche cette semaine, sur fond d'inquiétudes sur la dette.
"Une remontée trop brutale des taux longs, qui peut être un risque à court terme, constituerait un frein au redémarrage de l'économie", prévient M. Garabédian, ce qui entraînerait une hausse du coup de l'emprunt.
Enfin, sont attendus, pour la zone euro, les chiffres du chômage au premier trimestre et en Allemagne, l'indicateur Zew qui mesure les attentes des milieux financiers.