Baisse du dollar, renchérissement du pétrole, indicateurs économiques mitigés: les tensions reviennent sur les marchés mais la Bourse de Paris se montre robuste et cherche désormais à maintenir le cap.
Sur la semaine écoulée, le CAC 40 a grimpé de 1,83%, pour terminer vendredi à 3.339,05 points. Depuis le 1er janvier, il a progressé de 3,76%.
Dès le début de la semaine, l'indice vedette s'est installé au-dessus de 3.300 points, une zone sous laquelle il n'est plus repassé.
La semaine a toutefois été agitée, alternant les séances de forte progression (+3% lundi), de déroute (-2% jeudi) et les phases de stabilisation, le marché ayant terminé deux fois à l'équilibre.
"Face à des vents contraires, (la Bourse de Paris) a affiché de belles performances, elle se révèle plus robuste qu'on ne l'imaginait", a commenté Romain Boscher chez Groupama.
Pour le stratégiste, le marché a été confronté cette semaine à de nombreuses difficultés: en premier lieu, le renchérissement du pétrole qui a touché les 70 dollars le baril ce qui constitue une menace pour le pouvoir d'achat, ensuite, la baisse du dollar qui pèse sur les marchés européens. L'euro a atteint le seuil de 1,43 dollar cette semaine, son plus haut niveau depuis cinq mois.
En outre, il y a des "signes de défiance à l'encontre des taux à long terme qui servent de référence pour les prix immobiliers", a souligné M. Boscher.
Ces tensions sur le marché obligataire augmentent le coût du financement de la dette et risquent de peser sur les secteurs les plus endettés, comme les valeurs liées à l'énergie, a renchéri Jean-Louis Mourier, stratégiste chez Aurel.
Dans ce contexte propre à raviver les inquiétudes des investisseurs, le marché n'a pas subi de décrochages majeurs et a même réussi à absorber les nombreuses levées de fonds lancées depuis plusieurs semaines par des entreprises comme ArcelorMittal et Lafarge, a souligné M. Boscher.
Une situation liée à l'appétit pour le risque des investisseurs qui sont revenus sur des titres assez volatils, a-t-il indiqué.
"On retrouve un fonctionnement de marché avec des acheteurs et des vendeurs dans un contexte tendu, mais plus dans un contexte d'hystérie", a-t-il ajouté.
Porté par ce retour de la confiance, les investisseurs ont accueilli avec soulagement l'annonce lundi du dépôt de bilan du constructeur américain General Motors, qui tourne la page de la débâcle du groupe, et n'ont pas accordé trop d'importance aux indicateurs décevants, comme mercredi l'ISM dans les services aux Etats-Unis qui s'est encore contracté en mai.
Dans la même veine, le marché a choisi vendredi de saluer, quoiqu'avec prudence, la baisse des destructions d'emploi aux Etats-Unis, reléguant au second plan le bond inquiétant du taux de chômage américain à 9,4%.
"Au niveau sectoriel, une opposition forte a été constatée entre cycliques et défensives" avec une hausse notable du secteur de l'automobile, relèvent les analystes de Natixis dans une note.
En dépit de cet optimisme affiché, les perspectives sont encore très incertaines, notent les stratégistes, estimant que le marché se trouve à la croisée des chemins.
"On est dans une zone d'incertitude. La seule avancée, (c'est que l')on a évacué les scénario les plus catastrophiques. Mais le +timing+ de la reprise est encore flou", affirme Jean-Louis Mourier.
Les investisseurs continueront donc la semaine prochaine de scruter les indicateurs, surtout ceux en provenance des Etats-Unis, comme les ventes de détail de mai attendues jeudi.
La Réserve fédérale américaine rendra également public mercredi son diagnostic de l'économie américaine dans son "beige Book".