Morgan Stanley a abaissé son objectif de cours sur Saint-Gobain de 37,25 à 32 euros tout en réitérant sa recommandation de Surpondérer le titre en portefeuille. Le broker a réduit ses estimations de bénéfice par action (BPA) de 2009 et 2010 de respectivement 44% et 51% pour refléter les dernières tendances baissières des permis des construire et des mises en chantier. 70% des ventes du fabricant de matériaux de construction sont en effet exposées à l'activité de la construction immobilière, rappelle le bureau d'études.
Même conformément à ses prévisions plus conservatrices pour l'activité de la construction en Europe - le courtier est en moyenne 20 % au-dessous du consensus - il estime que les actions Saint-Gobain offrent un beau potentiel de valorisation avec un profil de risque favorable, particulièrement depuis le renforcement du bilan lié à l'augmentation de capital de 1,5 milliard d'euros.
Saint-Gobain a sous-performé le secteur de 11% depuis l'annonce de l'opération, souligne Morgan Stanley. La banque américaine juge la réaction du marché exagérée. Le groupe se négocie désormais avec un ratio Dette nette/Ebitda de 2,3, un ratio d'endettement (gearing) de 53%, aucune obligation à échéance 2009 et 1,9 milliard d'euros d'obligations matures en 2010 en théorie couvertes par le cash flow dégagé par le groupe.
Concernant le chiffre d'affaires du premier trimestre, le broker s'attend à un résultat très faible et reste acheteur à n'importe quelle correction de cours. Il table sur un chiffre d'affaires en repli de 17% à 8,6 milliards d'euros.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Saint-Gobain est un groupe industriel organisé en cinq pôles opérationnels: la distribution bâtiment, les matériaux haute performance (céramiques & plastiques, abrasifs et renforcement), le vitrage, le conditionnement et les produits pour la construction (matériaux de construction, isolation et canalisation). Saint-Gobain est de plus le premier verrier mondial. Présent dans 49 pays à travers le monde, Saint-Gobain est l'un des cent premiers groupes industriels mondiaux. En 2005, au terme d'une bataille acharnée de quatre mois, Saint-Gobain a finalement réussi son OPA sur le numéro un mondial du placoplâtre, le britannique BPB, pour un montant de 5,8 milliards d'euros. Il s'agit de la plus importante acquisition de son histoire. Ce leader mondial des matériau, véritable poids de lourd de 35 milliards d'euros -capitalisation et dettes comprises-, a suscité de nombreuses spéculations en 2006. Une rumeur de rachat par Lafarge puis de Leverage Buy Out (LBO) lancé par un fonds d'investissement avait déjà dopé le titre en 2006. Deux opérations qui n'ont jamais eu lieu.
Les points forts de la valeur
- La distribution est devenue la plus importante division du groupe en termes de revenus. Elle génère un flux de cash stable pour une intensité en capital plus faible que les autres divisions du groupe.
- Pierre-André de CHALENDAR a succédé à Jean-Louis BEFFA comme Directeur Général en juin 2007. Les analystes espèrent du nouveau management une meilleure discipline financière et la création de valeur.
- Saint-Gobain est régulièrement la cible de rumeurs d'OPA.
- La variété de ses marchés finaux (automobile, bâtiment, aménagement de la maison, etc.) rend Saint-Gobain moins sensible aux aléas économiques et lui assure une certaine récurrence des revenus.
- Saint-Gobain sous-performe le marché depuis plusieurs années. En 2006, l'action a progressé de 26,7% contre + 35,9% pour l'indice DJ Stoxx Construction. Le titre amorce son rattrapage depuis 2007. Les bureaux d'études semblent commencer juste à intégrer la stratégie du groupe concentré autour de trois branches : les produits pour la construction, les matériaux innovants et la distribution pour le bâtiment.
- Saint-Gobain pourrait céder son pôle conditionnement afin d'achever son positionnement sur les métiers de la construction. Les analystes en attendent un produit de vente entre 4,5 et 5 milliards d'euros.
- Le groupe a porté ses objectifs de rentabilité de capitaux investis de 22% à 25% d'ici 2010. Un plan d'économie de 300 millions sur trois ans a été annoncé.
Les points faibles de la valeur
- Saint-Gobain doit faire face à la hausse des coûts énergétiques et au déclin du marché du logement américain.
- Le groupe a été handicapé par les procès aux Etats-Unis mettant en cause sa responsabilité dans le domaine de l'amiante.
- Les bureaux d'études ont reproché à Saint-Gobain son "mix business" trop proche d'un conglomérat, avec un portefeuille d'activité trop important.
- La commission européenne a lancé en avril 2007 une procédure contre plusieurs fabricants de verre automobile, dont Saint-Gobain, qu'elle soupçonne de cartel. Le français a rapidement passé dans ses comptes du premier semestre une provision de 650 millions d'euros pour faire face aux futures amendes. Le jugement final de cette affaire devrait cependant être tardif, éloignant ainsi la perspective d'une sortie effective de cash.
Comment suivre la valeur
- Les cours des matières premières qui sont à la base des produits de Saint-Gobain doivent être surveillés.
- L'évolution du cours de Saint-Gobain est liée à celle du secteur de la construction. Il faut donc suivre de près les indicateurs du bâtiment (mises en chantiers, permis de construire...).
- La cession du pôle conditionnement est partculièrement attendue par les marchés.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - Matériaux
Les entreprises de matériaux de construction souffrent d'un ENVIRONNEMENT dégradé dans les pays développés mais aussi d'un ralentissement de la demande émanant des pays émergents. La plupart des acteurs émettent donc des avertissements sur leurs résultats. Lafarge, qui a subi un renchérissement du coût de ses matières premières, a indiqué qu'il ne pouvait confirmer ses objectifs pour 2010. Le groupe pourrait fermer des sites de production si la situation se détériore. Il a également annoncé un nouveau plan de réduction des coûts de 400 millions d'euros sur 2009-2011. Quant à Ciments Français, la hausse du coût de l'énergie a pesé sur ses performances au troisième trimestre. Sur la période, les volumes vendus sont en retrait dans les trois métiers que sont le ciment, les granulats, et le béton prêt à l'emploi. Ces facteurs ont pesé sur le résultat d'exploitation qui a chuté de 21,5%, à 200 millions d'euros, et sur le résultat net part du groupe qui a reculé de 12,6%, à 109 millions. Le cimentier a prévu un résultat opérationnel en retrait pour cette année par rapport à celui de 2007. Saint-Gobain a également annoncé que ses résultats seraient finalement inférieurs à ses objectifs fixés pendant l'été. L'environnement économique, qui s'est encore dégradé sur les dernières semaines, pèsera sur son volume d'activité au quatrième trimestre.